samedi 21 juin 2025

4000 semaines d’Oliver Burkeman – avis de lecture

 


Résumé :

« Que souhaitez-vous vraiment faire de vos journées et de votre vie ?

Il faut se rendre à l'évidence : la durée de vie moyenne de l'être humain est scandaleusement courte. Ceux d'entre nous qui atteindront l'âge de 80 ans n'auront vécu qu'un peu plus de 4 000 semaines.

Comment vivre sereinement dans un laps de temps aussi court ? Boîtes de réception qui débordent, piles de vêtements à ranger, vacances à organiser... Pris dans la frénésie de notre quotidien, paralysés par nos to-do lists, nous finissons par perdre de vue ce qui compte pour nous.

Ancien geek de la productivité repenti, Oliver Burkeman nous propose ici un antimanuel de gestion du temps, à la fois pratique et profond. Une invitation salvatrice à accepter nos limites, pour adopter un mode de vie plus paisible et plus joyeux. »

A noter : J’ai lu la version originale en anglais

Four Thousand Weeks - comme son titre l'indique - est un livre sur la gestion du temps pour les mortels, écrit par l'ancien journaliste Oliver Burkeman. La vie est limitée, mais nos ambitions ne le sont pas. Il n'est pas rare que nous nous sentions coupables de ne pas avoir épuisé nos « listes de choses à faire » ou de ne pas avoir poursuivi notre ambition tout en accomplissant notre travail quotidien - tout cela dans le cadre de la vie limitée qui est la nôtre. Alors que la hustle culture est en plein essor, l'auteur tente de faire comprendre que la vie serait bien meilleure si nous acceptions qu'elle soit limitée et que nous ne pourrons pas réaliser tout ce que nous avons l'intention de faire.

Le titre du livre - quatre mille semaines - fait référence à la durée de vie moyenne d'un.e être humain.e, 4000 semaines équivalant à environ 77 ans. Le livre est divisé en quatorze chapitres, dans lesquels l'auteur explique comment le monde moderne est obsédé par la productivité, souvent liée au capitalisme. Un exemple que je donnerais est le mythe de l'efficacité au travail dont parle l'auteur : si un.e employé.e accomplit ses tâches dans le temps imparti, il.elle n'obtient pas plus de temps, on lui.elle confie plus de tâches. L'auteur donne plusieurs exemples contemporains, sur les attentes déraisonnables que nous avons envers nous-mêmes et sur l'acceptation du fait que « se poser » n'est pas une mauvaise chose, mais quelque chose de positif.

J'ai aimé l'idée du livre, ainsi que le message que l'auteur essayait de faire passer. Je suis passé par le cycle de « l'obsession de la productivité » et par le fait de considérer la vie comme une quête permanente de « développement de la personnalité », me sentant à chaque fois coupable de simplement me détendre. J'ai trouvé que l'auteur donnait également plusieurs exemples contemporains, en rapport avec le lectorat actuel, tels qu'Amazon - et leur obsession d'avoir leur page d'accueil chargée aussi vite que possible (ce qui est une question de secondes). C'est un livre qui est sorti en 2021 et que j'ai lu en 2025, et donc une chose qui manque dans le livre, ce sont les modèles d'IA interactifs que nous avons aujourd'hui.

L'annexe, avec les dix suggestions sur la gestion du temps, était intéressante et j'ai eu l'impression qu'elles étaient pratiques. Cependant, elle ne correspondait pas au ton du livre, étant donné que l'auteur nous disait d'ignorer la plupart des conseils relatifs à la « gestion du temps » donnés par des livres et des influenceurs et, en fin de compte, donnait lui-même une série de conseils, comme tous les autres auteurs sur ce sujet.

En conclusion, je dirais que ce livre est une bonne lecture et qu'il est utile si l'on veut sortir de l'obsession de la productivité. Le livre a ses défauts, mais à la fin, le lecteur a quelque chose à en retirer. Sur cette note, j'attribuerais à ce livre une note de sept sur dix.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

samedi 14 juin 2025

Propre d’Alia Trabucco Zerán – avis de lecture

 


Résumé :

« Le monologue d`une domestique qui retrace, dans un récit lucide, impitoyable et brutal, les étapes menant au drame qui fera s`effondrer le décor d'une vie "propre".

« Je m'appelle Estela, vous m'entendez ? Es-te-la Gar-cí-a. »

La fillette meurt. Voici le fait par lequel Estela commence son récit. Estela, qui a quitté sa famille dans le sud du Chili pour la capitale où elle travaille comme employée de maison. Estela, qui s`est occupée pendant sept ans de la jeune victime, l'a bercée, nourrie, rassurée, grondée aussi. Qui connaît chaque étape ayant mené au drame : la chienne, les rats, les aveux, le poison, le pistolet. Chaque étape jusqu'à l`inéluctable.

Un roman psychologique haletant, angoissant et addictif, à travers lequel notre époque se dessine – une société fracturée par les rapports de domination et d'argent, où les uns vivent dans l`ombre des autres. »

Propre est un roman écrit par l’autrice chilienne Alia Trabucco Zerán, dont j’ai lu la traduction française réalisée par Anne Plantagenet. Le personnage principal, également narratrice, est une domestique, Estela Garcia, originaire d’une campagne chilienne. Elle quitte sa région pour travailler à la capitale chez une famille riche, composée d’une avocate, d’un chirurgien et de leur fille Julia.

’ai apprécié le fait que le roman commence immédiatement, mais c’est aussi sa faiblesse. C’est-à-dire, dès le début, on apprend que la fille de la famille est morte, et la fin nous révèle comment et pourquoi. Le roman illustre bien les différences de classe sociale au Chili et le fossé entre les perspectives des personnages.

Cela dit, je n’ai pas d’autres points positifs à relever. Bien que le roman ne fasse que 270 pages, j’ai eu l’impression de lire l’un des ouvrages les plus longs de ma vie. e vais être honnête : je ne suis peut-être pas la meilleure personne pour juger ce livre, car à mi-parcours, l’autrice m’a perdu. Lorsque l’héroïne rend visite à sa mère malade dans le sud, j’ai eu du mal à comprendre l’enchaînement des événements. J’ai trouvé qu’il me manquait des éléments de contexte—notamment les raisons qui l’ont poussée à quitter la campagne pour Santiago et pourquoi sa vie est supposée être meilleure dans la capitale.

La narration à la première personne m’a souvent paru gênante, surtout lorsqu’Estela s’adresse directement au lecteur et brise le quatrième mur à plusieurs reprises. Une ou deux fois, cela passe, mais après un certain nombre, j’en suis venu à me demander si le roman se voulait sérieux.

J’aime bien lire la littérature étrangère et j’ai eu beaucoup d’attente pour découvrir le pays du Chili. Même si je n’ai pas compris une moitié du livre, c’est quand même une faute du roman, et j’ai trouvé qu’elle avait traîné une intrigue qui n'avait pas de contenu au-delà d'un point. J’aimerais bien d’essayer un autre roman d’un.e aut.eur.ice chilien.ne mais je n’ai pas eu une bonne expérience en lisant celui-ci. Je donnerai une note de trois sur dix.

La note – 3/10

Bonne journée
Andy

samedi 8 mars 2025

Junil de Joan-Lluís Lluís – avis de lecture

 


Résumé :

« À l'aube du premier siècle, aux marges de l'Empire romain, la jeune Junil travaille dans la librairie de son père tyrannique. Elle fabrique des rouleaux de papyrus aux côtés d’esclaves qui lui apprennent à lire. Les vers du grand Ovide, surtout, éveillent en elle des émotions puissantes.

Bientôt contrainte de fuir l’Empire, Junil embarque avec trois amis esclaves dans un voyage périlleux au cœur des terres barbares. Mais qui sont au juste ces barbares ? Et si, au bout du chemin, ce n’était nul autre que le poète exilé, Ovide en personne, qui les attendait ?

Junil est un conte moderne, le récit d’une quête de liberté et de tendresse face à un monde implacable. Avec ce roman devenu un véritable phénomène public en Catalogne, Joan-Lluís Lluís nous offre un hommage vibrant au pouvoir émancipateur des histoires. »

Junil est un roman catalan de Joan-Lluís Lluís, connu pour ses romans et essais en catalan. Il s’agit d’un roman historique qui se déroule à l’époque romaine. Junil est une jeune fille dont le père, abusif, envisage de la vendre comme esclave ou de l’envoyer dans un bordel. Ce père tient une librairie à Nyala, où Junil apprend le métier en côtoyant des esclaves et des hommes libres, parmi lesquels un poète et un ancien gladiateur. L’un des esclaves, Trident, lui enseigne la lecture, et elle se passionne pour la poésie d’Ovide, qui fait partie des ouvrages de la librairie.

À la suite d’un événement, Junil et son entourage – Trident, Ovide et Dirmini le gladiateur – doivent fuir Nyala. Ils et elles se lancent alors dans une aventure à la recherche du pays des Alains.

C’est une belle histoire d’aventure avec de nombreux personnages, chacun et chacune portant en soi un passé marqué par l’oppression ou l’esclavage. L’entourage de Junil découvre la liberté pour la première fois, malgré les dangers omniprésents du voyage. Bien que l’intrigue se déroule sous l’Empire romain et que les protagonistes quittent ses frontières, il ne s’agit pas d’un roman politique, mais plutôt d’un récit d’aventure, d’amitié et parfois d’amour.

Cependant, je ne qualifierais pas ce livre de roman historique à proprement parler, car il est difficile de situer précisément les villes et villages mentionnés, à l’exception de Tomis – l’actuelle Constanța en Roumanie. Tomis est évoquée dans le récit pour raconter l’histoire d’un personnage, mais l’intrigue ne s’y déroule jamais.

J’ai trouvé intéressant que l’esclavage soit présenté comme une réalité tellement ancrée dans l’Empire que les personnages eux-mêmes peinent à imaginer un endroit sans esclaves – notamment le pays des Alains, qu’ils et elles jugent presque inconcevable.

Le choix de ne pas s’appuyer sur une cartographie précise de l’époque est à la fois une force et une faiblesse : une force, car il permet de se concentrer davantage sur les personnages et leur évolution ; une faiblesse, car il donne parfois l’impression de lire une aventure dans un monde imaginaire. En tant que roman d’aventure, le récit regorge de rencontres au fil du voyage, et certaines figures secondaires rejoignent même le groupe de fugitifs, ce qui peut parfois rendre le suivi des personnages un peu difficile.

Si le titre met en avant Junil, j’ai trouvé que son importance diminuait progressivement au fil du récit. Certes, c’est à cause d’elle qu’ils et elles doivent fuir Nyala, mais j’ai trouvé que des personnages comme Dirmini, Ovide et Trident étaient mieux développés et plus marquants. En revanche, Junil reste relativement énigmatique : peu d’éléments permettent de cerner sa personnalité ou d’observer son évolution au cours du voyage.

En conclusion, j’ai apprécié cette lecture, bien que certaines parties m’aient semblé ardues. Celles et ceux qui aiment la poésie y trouveront un intérêt particulier, car les vers attribués au personnage d’Ovide y sont fréquemment cités. Je lui attribue une note de sept sur dix.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

lundi 24 février 2025

Seule de Nesrine Slaoui – avis de lecture

 


Résumé :

« Deux vies en parallèle.
Celle d’Anissa, une adolescente qui vit à Argenteuil, et celle de Nora, trentenaire parisienne.
La première est victime d’un harcèlement scolaire violent et finira par en mourir.
La deuxième lutte sur tous les fronts à la fois, contre le sexisme et le racisme qu’elle endure au quotidien, et pour ne pas se laisser broyer par une relation de couple nocive.
Qu’est-ce qui les lie, sinon bien sûr de subir la brutalité du monde ? Est jusqu’où faudra-t-til aller pour en finir avec la violence des hommes ?

Inspiré de faits réels qui s’éclairent ‘un l’autre par le détour de la fiction, Seule nous plonge au cœur  de multiples problématiques contemporaines, de l’addiction aux réseaux sociaux à l’intériorisation des comportements genrés, et jusqu’au sujet complexe entre tous de la tégitime défense de femmes en danger de mort. »

Seule est un roman qui raconte l’histoire de deux jeunes femmes issues de générations différentes : Nora, une trentenaire, et Anissa, une adolescente encore au lycée. Malgré cet écart d’âge, elles partagent des luttes similaires. Nora fait face à de nombreux problèmes, notamment dans sa relation amoureuse, mais aussi dans la société, où elle subit à la fois le racisme et le sexisme. Cette dimension intersectionnelle est particulièrement intéressante. De son côté, Anissa est une élève harcelée dans son lycée à Argenteuil. En quête de reconnaissance et d’attention, son quotidien change avec l’arrivée de Dylan, un nouvel élève.

J’ai apprécié les thèmes et les sujets abordés par l’autrice, qui met en lumière les injustices sociales persistantes touchant les femmes racisées, indépendamment de leur âge. Son écriture m’a également séduit, notamment par les touches de poésie qu’elle intègre de temps en temps. Avec moins de 140 pages, Seule est une lecture rapide, mais son contenu reste percutant et parfois difficile, en raison des sujets traités.

Cependant, la brièveté du roman constitue aussi une faiblesse. J’ai trouvé que la rencontre entre les histoires de Nora et d’Anissa se faisait un peu trop rapidement, laissant peu de place au développement des personnages secondaires. Un autre point qui m’a dérangé concerne la quatrième de couverture rédigée par l’éditeur (Fayard), qui en révèle beaucoup trop. Cela a réduit l’impact de certains événements du roman, qui auraient gagné à être découverts au fil de la lecture.

C’est un livre accessible à tous – je suis moi-même un homme cis – et j’ai pu comprendre et ressentir les émotions des personnages dans la plupart des situations. Néanmoins, certaines expériences me restent plus lointaines. Par exemple, je n’ai pas totalement saisi la douleur de Nora face à la déception amoureuse avec son ex. Peut-être que d’autres lecteurs ou lectrices s’y identifieront davantage ? N’hésitez pas à partager votre avis en commentaire.

En conclusion, Seule est une lecture fluide qui aborde des thématiques fortes et pertinentes. Je lui attribue la note de sept sur dix.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

samedi 15 février 2025

L’indésiderable d’Inaam Kachachi – avis de lecture

 


Résumé :

« Taj Al-Moulouk et Widiane sont liées par la mémoire d’un pays, l’Irak. Forcées de s’exiler pour survivre, les deux femmes, qui appartiennent pourtant à des générations différentes, sont devenues amies à Paris, leur terre d’accueil. Une même question les hante : comment accepter le déracinement, la perte du pays qui les a vues naître ? Pour l’une en racontant le passé, pour l’autre en le taisant à tout jamais. Au gré de leurs récits entremêlés se dessine un portrait nuancé de l’Irak du siècle dernier.

Mélancolique ode à un pays englouti par la violence du XXe siècle, ce roman nous emporte dans les puissants souvenirs de ces femmes libres. »

L’indésirable est un roman écrit par la journaliste Inaam Kachachi, d’origine irakienne. Le roman, rédigé en arabe (irakien), traverse différentes époques – depuis l’époque où l’Irak était un royaume, jusqu’aux années 1950, puis la transition vers une république. Il met en scène des personnages principaux contraints à l’exil en raison de la situation politique.

On suit Taj Al-Moulouk, une journaliste à Bagdad – une profession rarement exercée par des femmes à son époque. Widiane, une musicienne d’origine irakienne également, est notre deuxième protagoniste ; elle appartient à une génération différente de Taj et ne partage pas sa nostalgie pour l’Irak. Enfin, le troisième personnage principal est Mansour, un palestinien qui a dû se réfugier au Pakistan après la Nakba de 1948 en Palestine.

Les trois personnages ont des vies très différentes. Taj, issue d’une famille très conservatrice, chérit sa liberté en tant que journaliste et apprécie côtoyer des hommes influents, comme le roi d’Irak. Plus tard, elle s’installe au Pakistan et devient présentatrice à la radio arabe, où elle entre en contact avec Mansour.

Le roman traverse plusieurs pays, continents et époques, ce qui est un des aspects que j’ai particulièrement appréciés. En suivant Taj et Mansour, on voyage en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, et on explore les bouleversements politiques et sociaux de ces régions. Le thème de l’exil est omniprésent : aucun des trois personnages ne peut retourner dans son pays d’origine en raison de la situation politique, que ce soit en Irak ou en Palestine.

J’ai écouté une interview d’Inaam Kachachi sur France Culture, où elle explique que tous les personnages du livre sont inspirés de personnes réelles. Il y a eu une journaliste irakienne qui a voyagé partout et mené une vie particulièrement « intéressante », ainsi qu’un homme politique palestinien exilé au Venezuela et une jeune musicienne irakienne (Widiane) dans son entourage. Cela dit, j’ai trouvé que c’était aussi une faiblesse du roman : l’autrice en a fait une sorte de biographie de Taj Al-Moulouk, racontant sa vie depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, ce qui dilue parfois l’intrigue.

Même si l’autrice affirme s’être basée sur des faits réels, j’ai trouvé certains éléments difficiles à croire, notamment la manière dont Taj Al-Moulouk est dépeinte comme une sorte de James Bond irakienne. Une scène en particulier m’a semblé exagérée : lorsqu’elle prétend avoir sauvé la résistance algérienne contre l’agression française. Nous avons tous tendance à embellir notre passé, surtout lorsqu’il ne peut plus être vérifié, et j’ai l’impression que l’autrice a pris ces récits pour argent comptant, sans les remettre en question.

Le roman aurait gagné en qualité si l’autrice s’était davantage concentrée sur certaines périodes clés de la vie de Taj, plutôt que d’en faire un récit biographique exhaustif. De plus, avec trois personnages principaux, je me suis parfois perdu en cours de lecture et j’ai eu du mal à suivre leurs histoires respectives.

En conclusion, je dirais que le roman avait un énorme potentiel, mais qu’il souffre de certaines faiblesses qui ont terni mon plaisir de lecture. Toutefois, la construction des trois personnages et l’analyse politique des différents pays sont des points positifs. En fin de compte, mon avis reste mitigé : il y a des aspects que j’ai appréciés et d’autres qui m’ont laissé sceptique. Je donne donc au roman la note de cinq sur dix.

La note – 5/10

Bonne journée
Andy

samedi 8 février 2025

Kallocaïne de Karin Boye – avis de lecture

 


To read my book review in English, click here

Résumé :

« Dans une société où la surveillance de tous, sous l'oeil vigilant de la police, est l'affaire de chacun, le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité qui offre à l'État Mondial l'outil de contrôle total qui lui manquait. En privant l'individu de son dernier jardin secret, la kallocaïne permet de débusquer les rêves de liberté que continuent d'entretenir de rares citoyens. Elle permettra également à son inventeur de surmonter, au prix d'un viol psychique, une crise personnelle qui lui fera remettre en cause nombre de ses certitudes. Et si le rêve des derniers résistants, une mystérieuse cité fondée sur la confiance, n'en était pas un ? Kallocaïne est le chaînon manquant entre Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes et 1984. Dès 1940, la dystopie visionnaire de Karin Boye interroge les limites, s'il y en a, du contrôle que peut exercer un État totalitaire sur ses citoyens. »

A noter : C’est un roman écrit en suédois et j’ai lu sa traduction anglaise

Kallocaïne est un roman dystopique écrit par l'autrice suédoise Karin Boye durant l'entre-deux-guerres. L’histoire se déroule dans un futur dystopique où un gouvernement mondial, traduit en anglais par l’Etat mondial, exerce un contrôle absolu. Ce régime est, à bien des égards, inspiré de l'Union soviétique. L’autrice écrit ce roman dans les années 1930, à une époque où la bataille idéologique fait rage entre le modèle individualiste de marché des Etats-Unis et le modèle collectif soviétique, et elle en propose ici une vision dystopique.

Le personnage principal, Leo Kall, est un scientifique travaillant pour l’armée de l’Etat mondial. Patriote fervent, il est convaincu que tous les traîtres doivent être « éliminés » pour préserver le régime. Il met au point un sérum qui, une fois injecté, contraint la personne à dire la vérité et à révéler toutes ses pensées opposées au régime. Il baptise cette invention de son propre nom : Kallocaïne. Cependant, il est aussi un personnage profondément anxieux, persuadé que sa femme est amoureuse de son supérieur, Rissen. Obsédé par l'idée d’obtenir la vérité d’elle, il se retrouve entraîné dans une spirale de problèmes qui constituent le cœur du roman.

Pour ma part, ce roman ne m’a pas convaincu ; j’ai trouvé que l’univers créé par l’autrice manquait de connexion avec la réalité. J’aurais aimé en apprendre davantage sur le fonctionnement de cet Etat mondial, mais l’intrigue se déroule principalement dans une salle d’interrogatoire où Leo administre la Kallocaïne aux épouses de soldats pour obtenir des informations sur eux. Il n’y a aucune indication sur l’événement qui a conduit à la consolidation de cet Etat, ni de descriptions du quotidien : à quoi ressemblait le paysage, quel temps faisait-il, comment les habitant.es occupaient-ils leur temps libre (même s’il s’agissait de regarder des émissions de propagande, par exemple) ?

J’ai trouvé l’idée de base intéressante, surtout dans le contexte historique de l’époque, où certains pays s’orientaient vers une économie planifiée et une société collectiviste, et où l’autrice imagine une version dystopique de cette évolution. Cependant, elle semble hésiter entre construire son univers et explorer les insécurités de Leo, et au final, elle ne parvient à approfondir ni l’un ni l’autre.

Ce n’est pas un roman très long, mais j’ai trouvé sa lecture laborieuse. La science-fiction et les romans dystopiques ne sont pas mon genre de prédilection, mais je pense lui avoir donné une chance honnête. Pour un lecteur comme moi, le livre aurait pu mieux fonctionner si l’autrice avait clairement choisi un axe principal et relégué l’autre à un rôle secondaire au lieu de tenter d’équilibrer les deux. Alors, j’attribue au roman la note de trois sur dix.

La note – 3/10

Bonne journée,
Andy

mardi 3 décembre 2024

Les détails d’Ia Genberg – avis de lecture

 


To read my review in English, click here

A noter : J'ai lu la traduction anglaise du roman 

Résumé :

« Les détails est un roman court, fiévreux, hypnotique et tout en finesse. Une plume drôle et acérée, une construction magistrale. Au final, un grand roman d'apprentissage au cœur des années 90.

Il a obtenu le prix August, le prix Goncourt suédois, en 2022.

Une femme est clouée au lit, fiévreuse. Sans pouvoir expliquer pourquoi, elle a soudain l’envie de relire la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster. De là, elle commence à se remémorer des moments de sa vie, notamment sa vingtaine dans les années 1990, à l’aube du tournant de l’an deux-mille. Les méandres de ses souvenirs forment une prose magnétique nourrie de nostalgie et de réflexions existentielles irrésistibles. Le tout agrémenté de références réjouissantes à la littérature. Son existence semble se résumer à quatre relations dont un amour indélébile, une amitié sauvage, une rencontre électrique et éphémère. Elle en tire des portraits inoubliables dont les sujets sont à la fois celle qui raconte et ceux qui sont racontés, une perspective, des détails que l’on remarque ou pas, une histoire de relations qui se font et se défont avant que l’ère numérique ne vienne bouleverser les rapports humains. »

Les détails est un roman écrit sous la forme des mémoires de la narratrice, par l'écrivain Ia Genberg. Le roman est écrit en suédois et je me suis appuyée sur la traduction anglaise de Kira Josefsson. Le roman est divisé en quatre chapitres, chacun portant le nom d'une personne qui l'a marqué dans sa vie : Johanna, une écrivaine dont la narratrice se souvient après avoir retrouvé une lettre d'amour écrite dans le passé ; Niki, une femme séparée de ses parents, avec laquelle la narratrice partage un appartement ; Alejandro, une personne originaire d'Amérique du Sud avec laquelle la narratrice entretient une relation sérieuse et, enfin, Birgitte, une femme qui a ses propres angoisses et qui fait de son mieux pour créer sa propre identité - qu'elle soit politique ou personnelle.

Ce roman pourrait être décrit comme le roman typique où « rien ne se passe », mais il est probablement racontable à chaque personne qui le lit. Nous avons tous eu dans notre vie des personnes qui ont été importantes pour nous de différentes manières et parfois, nous avons fait tout notre possible pour rester en contact et malgré tous nos efforts, nous ne sommes plus en contact, ce qui arrive à la narratrice. La raison pour laquelle je ne nomme pas la narratrice est que cette personne n'a jamais été nommée par l'écrivain et que toute la narration est de son point de vue (pendant longtemps, je n'étais pas sûr de son sexe biologique / identité de genre jusqu'à la dernière moitié du livre mais ce n’est pas ambigu non plus).

J'ai également aimé les détails, comme les rues de Stockholm, que je n'ai pas visitées souvent, mais que je pouvais encore très bien visualiser, les cafés et les gens qui se promenaient. Les parties du roman que j'ai préférées sont les histoires de Niki et de Birgitte, qui montrent la vulnérabilité de chacune des personnes impliquées et la mesure dans laquelle elles sont allées pour échapper ou faire face à ces défis.

Cependant, l'autrice m'a perdue dans le chapitre sur Alejandro, et il y a eu des moments où je me suis déconcentré et où je n'ai pas pu prêter attention aux détails jusqu'à la fin du chapitre, mais après cela, c'était un retour en force avec l'histoire de Birgitte. J'ai eu les mêmes sentiments concernant le premier chapitre sur Johanna, où il était lent et où je ne savais pas trop où le roman se dirigeait avant d'entrer dans le chapitre sur Niki.  

Pour résumer, je dirais qu'il s'agit d'un roman qui saisit très bien les émotions humaines et qui, fidèle à son titre, montre comment ces petits détails sont ce qui nous fait. J'ai également apprécié que l'auteur s'en tienne à un point de vue local plutôt que de chercher à plaire au grand public, et j'ai eu l'impression de voyager à nouveau en Suède en lisant ce roman. C'est une lecture facile, à la fin de laquelle j'étais heureuse d'avoir lu ce roman.

Sur ce, je donnerais à ce roman une note de sept sur dix, il aurait pu être là s'il y avait eu plus de profondeur dans les histoires d'Alejandro et de Johanna comme dans celle de Niki et de Birgitte.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

La végétarienne de Han Kang – avis de lecture

 

To read the review in English, click here

Résumé :

“Une nuit, elle se réveille et va au réfrigérateur, qu’elle vide de toute la viande qu’il contient. Guidée par son rêve, Yonghye a désormais un but  : devenir végétale, se perdre dans l’existence lente et inaccessible des arbres et des plantes. Ce dépouillement qui devient le sens de sa vie, le pouvoir érotique, floral, de sa nudité vont faire voler en éclats les règles de la société, dans une lente descente vers la folie et l’absolu.”

La végétarienne est un roman écrit par l’autrice sud-coréenne Han Kang, qui a remporté le prix Nobel littérature en 2024. Dans ce roman, on a Yonghye, qui vit dans son mari et elle mène une vie banale, jusqu’à sa décision de devenir végétalienne à cause d’un rêve qu’elle a eu. Son mari l’a épousée précisément parce qu’il est un homme moyen et également, selon lui, Yonghye est aussi une femme traditionnelle avec qui il peut avoir une vie “moyenne” et cette décision a emporté trop de changement qu’il pouvait tolérer. Ce n’est pas que son mari qui n’aime pas sa décision - même ses parents ne l’a pas soutenu et dans un moment, son père essaie de la forcer à manger la viande. Elle arrête de manger et son niveau de santé baisse plus en plus et le roman suit sa vie – et depuis ce portrait, l’autrice nous montre le patriarcat dans la société sud-coréenne et la position des femmes dans la société.

J’ai bien aimé le début du roman, qui m’a donné beaucoup d’attente - dans un mariage où chaque jour est le même, soudainement Yonghye décide de ne plus manger la viande. On voit également comment son mari devient plus agressif envers elle, comme s'il avait le droit d'intervenir dans ses choix personnels. J'ai aimé le lien entre Yonghye et sa sœur, sa seule source de soutien dans ce choix. Le choix de changer la façon de narration dans chaque chapitre est un choix intéressant aussi, le premier chapitre du point de vue de mari de Yonghye et les chapitres suivants suivre une narration à la troisième personne.

J'ai dû beaucoup réfléchir pour écrire quelque chose de positif sur le roman dans la critique et c'est fait. Sinon, je n’ai pas aimé le roman, du tout. Déjà, j’ai trouvé qui le titre du roman est trompeur, ses problèmes familiaux n’étaient pas parce qu’elle est devenue végane, mais parce qu’elle a arrêté de manger, du tout. En tant que végane moi-même, j’ai beaucoup de questions bizarres dans ma vie quotidienne posées par les gens autour de moi – si je ne me sens pas faim, si j’ai suffisamment des nutriments, si je prends des vaccins, etc. Une majorité de fois, ces sont de questions posées par sa curiosité (parfois de mauvaise foi) - mais comme dans n’importe quel mouvement ou l’idée, il existe un extrême et ici, Yonghye était un exemple de cet extrême. Je trouve que la mauvaise perception autour des véganes est à cause des personnages dans le pop culture (comme les films, les séries, les romans, etc.) qui montre ce type de personnalité avec laquelle tou.s.tes les véganes sont jugé.es.

Je suis arrivé à sympathiser avec Yonghye et sa situation difficile, mais personnellement, je n'ai pas pu m'identifier à l'acte de décider d'arrêter complètement de manger à cause d'un rêve. La fin de roman n’a pas donné l’espoir non plus – je comprends que dans la vraie vie, toutes les situations n’ont pas une fin définitive, mais ici – je n’ai rien vu dans l’intrigue non plus. Sauf sa soeur Inghye, il n’y avait pas un développement de personnage, avec subtilité ou complexité - ils ont tous méchants - soit le mari de Yonghye ou le reste de sa famille.

Pour conclure, ça m’arrive souvent que pour un aut.eur.ice qui rempotre le prix Nobel, soit j’adore comme Gabriel Garcia Marquez ou Albert Camus ; soit je n’aime pas du tout, comme celui d’année dernière Jon Fosse et Han Kang va se retrouver sous la même catégorie. C’était impossible pour moi pour m’identifier avec les personnages, et même si je n’ai pas été végane, je n’aurai pas aimé le roman mais vu que je le suis, cet aspect personnel a ajouté davantage une raison pourquoi je n’ai pas apprécié ce roman. En considérant tous les remarques que j’ai fait dans cet avis de lecture, j’attribue une note de trois sur dix pour le roman.

La note – 3/10

Bonne journée
Andy

lundi 28 octobre 2024

Plaidoyer pour les intellectuels de Jean-Paul Sartre – avis de lecture

 


Résumé :

« Pourquoi rééditer ce petit livre paru en 1972 alors que nous vivons à une époque marquée par un désenchantement généralisé à l’égard des intellectuels ?

Parce qu’il était nécessaire de rappeler la définition de l’« intellectuel universel » défendue par Sartre. Comme celle-ci a été souvent caricaturée, il fallait revenir à la source et mettre en relief ses lignes de force.

Jean-Paul Sartre pose ici trois questions importantes – et tente d’y répondre : qu’est-ce qu’un intellectuel ? Quelle est sa fonction ? L’écrivain est-il un intellectuel ?

Point de repère pour comprendre ce que sont devenus les intellectuels depuis les années 1970, ce plaidoyer offre aussi des arguments à ceux qui veulent encore défendre leur cause aujourd’hui. »

Plaidoyer pour les intellectuels est un essai écrit par le philosophe français, Jean-Paul Sartre. Il répond à la question qui est un.e intellectuel.le et à quoi sert ces intellectuel.le.s d’aujourd’hui. Cet essai est basé sur les conférences qu’il a fait dans les années 60s, dans un contexte historique – pendant la décolonisation et même après la guerre d’Algérie où Sartre a encouragé les soldats français à déserter ses postes en Algérie.

Dans cet essai, pour une majorité, il parle sur la définition d’un intellectuel.le. C’est évident que dans la société d’aujourd’hui ou dans les années 60s, les médias n'aiment pas les personnes qui s'éloignent sensiblement de l'establishment, au point que le mot « intellectuel.le » est souvent utilisé comme une insulte. Avec ses trois conférences, il essaie à nous expliquer ; d’abord, qui est un.e intellectuel.le, fonction de cet.te intellectuel.le, et si un.e écrivain.e est un intellectuel. Je crois que c’est un sujet très important et aujourd’hui, on a plusieurs personnes politiques qui se moquent de l'expertise et de l'intellectuel, en particulier de l'extrême droite (comme on l'a vu lors de la pandémie de Covid-19).

J’ai trouver l’idée de son essai intéressante et également importante mais a-t-il vraiment faire plaidoyer pour les intellectuels ? A mon avis, malheureusement, la réponse est non. J’ai trouvé que l’auteur a tombé beaucoup sous le piège de définir chaque mot qu’il a utilise – une majorité du chapitre qui a expliqué la fonction d’un.e intellectuel.le a parlé plus sur la définition de mot « fonction » ou la « société ». J’aurai préféré si il a donné des exemples pertinents de son époque, la persecution des intellectuel.les pendant son ère et comment il fait plaidoyer pour ces personnes qui ont subi.

C’était aussi une déception pour moi, grâce à son profil, j’ai attendu des arguments très profonds en défendant les intellectuel.les. Ce livre n'a pas eu d'impact sur moi, étant donné que je suis quelqu'un qui a de la sympathie pour les intellectuels. Je peux donc dire en toute confiance que ce livre peut, au mieux, prêcher à un.e converti.e, mais pas influencer ceux qui ont des opinions négatives sur les intellectuels. En le considérant, j’attribue cet essai une note de quatre sur dix.

La note – 4/10

Bonne journée
Andy

mercredi 9 octobre 2024

Pedro Paramo de Juan Rulfo – avis de lecture

 


Résumé :

« On l’a lu d’abord comme un roman « rural » et « paysan », voire comme un exemple de la meilleure littérature «indigéniste». Dans les années soixante et soixante-dix, il est devenu un grand roman « mexicain », puis « latino-américain ». Aujourd’hui, on dit que Pedro Páramo est, tout simplement, l’une des plus grandes œuvres du XX siècle, un classique contemporain que la critique compare souvent au Château de Kafka et au Bruit et la fureur de Faulkner.

Et pour cause : personne ne sort indemne de la lecture de Pedro Páramo. Tout comme Kafka et Faulkner, Rulfo a su mettre en scène une histoire fascinante, sans âge et d’une beauté rare : la quête du père qui mène Juan Preciado à Cómala et à la rencontre de son destin, un voyage vertigineux raconté par un chœur de personnages insolites qui nous donnent à entendre la voix profonde du Mexique, au-delà des frontières entre la mémoire et l’oubli, le passé et le présent, les morts et les vivants. »

A noter : J’ai la traduction anglaise du roman

Click here to read my review in English

Pedro Paramo est un court roman classique mexicain, écrit par l'auteur Juan Rulfo. J'ai été intrigué par le fait que l'avant-propos de mon édition anglaise était écrit par Gabriel Garcia Marquez, ce qui laissait présager le genre de roman auquel je pouvais m'attendre.

Il retrace le voyage de Juan Preciado, qui se rend à Comala, une ville fictive du Mexique, à la recherche de « Pedro Paramo », que la mère de Juan, sur son lit de mort, lui a dit être son père. Il est invité par une connaissance de sa mère qui commence à raconter l'histoire de Pedro Paramo qui est décédé il y a longtemps - une personne influente dans la région qui était le propriétaire du ranch Media Luna, et qui avait eu plusieurs fils avec différentes femmes, mais n'en avait reconnu qu'un seul, Miguel - qui avait créé plusieurs problèmes, notamment en commettant des viols et des meurtres. Juan est également effrayé lorsqu'il finit par réaliser qu'aucune des personnes n'est vivante et qu'il n'a fait qu'interagir avec les fantômes.

J'ai apprécié l'atmosphère de mystère qui entoure le roman - qui est Pedro Paramo et qui sont tous ces gens qui l'entourent ? Juan obtiendra-t-il quelque chose de ce voyage ? L'évolution du personnage de Pedro a été bien menée - lui qui se méfiait de son père parce qu'il le considérait comme incompétent, mais qui devient une figure redoutable de la communauté ; il est également contraint à un mariage dont il ne veut pas en raison des dettes de son père et ne peut pas épouser Susana, la femme qu'il aimait vraiment. Bien qu'il possède un grand domaine, il n'a pas de successeur dont il puisse être fier, étant donné les problèmes que Miguel a causés et qui l'obligent à demander souvent pardon au prêtre. Enfin, son influence est menacée par la révolution que connaît le Mexique à cette époque, où les gens se soulèvent contre le gouvernement qui favorise les propriétaires terriens comme Pedro Paramo.

Mystère mis à part, malgré la longueur relativement courte du roman, il y a plus de dix personnages dignes d'intérêt, chacun ayant suffisamment d'espace pour rester dans votre esprit. Ce livre n'est pas facile à lire - il faut de la concentration pour absorber le réalisme magique autour des fantômes, la narration non linéaire et même un changement de narrateur au cours de l'histoire, mais j'ai trouvé la narration si intéressante que j'ai terminé tout le roman d'une traite, en 90 minutes.

N'ayant pas beaucoup connu la politique mexicaine, il était intéressant de savoir que la société était encore très féodale au début du 20ème siècle et qu'un propriétaire comme Pedro Paramo avait le pouvoir de décider du sort de toute une ville s'il le souhaitait ; il était également bon de voir l'auteur faire allusion à ces aspects politiques et introduire ces éléments dans le roman, le rendant ainsi plus bien.

J'ai déjà lu des œuvres de Gabriel Garcia Marquez et celle-ci m'a beaucoup rappelé Cent ans de solitude. D'après l'avant-propos, je comprends que Marquez lui-même a été motivé pour écrire son chef-d'œuvre après s'être installé à Mexico et avoir découvert Pedro Paramo et d'autres œuvres de Juan Rulfo. Par conséquent, mes attentes après avoir lu cette introduction étaient très élevées et ce roman a certainement répondu à ces attentes.

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman et cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman en me concentrant pleinement, sans avoir à bouger ou à être distrait par les notifications de mon téléphone. C'est un excellent roman pour ceux qui apprécient les œuvres d'auteurs comme Marquez ou Rushdie ou pour tous ceux qui souhaitent essayer des romans de ce genre, il fait moins de 150 pages et serait donc une lecture assez courte et est fortement recommandé. Sur cette note, j'attribue à ce livre une note de neuf sur dix.

La note – 9/10

Bonne journée
Andy

samedi 5 octobre 2024

Ör d’Audur Ava Olafsdottir – avis de lecture



Résumé :

« Jonas Ebeneser, quarante-neuf ans, divorcé, n’a qu’une passion : restaurer, retaper, réparer. Mais le bricoleur connaît une crise profonde. Sans plus de réconfort à attendre des trois Gudrun de sa vie, son ex-femme, sa fille et sa propre mère –, il décide de se mettre en route à destination d’un pays abîmé par la guerre, avec sa perceuse en bandoulière et sa caisse à outils pour tout bagage… »

Ör est un roman islandais écrit par Audur Ava Olafsdottir ; le mot « ör » veut dire cicatrice en islandais et notre personnage principal et le narrateur, Jonas Ebeneser a plein de cicatrices dans sa vie. Un homme dans sa cinquantaine d’années, a trois personnes importantes dans sa vie, avec le même prénom. Gudrun la mère, qui est une ancienne professeur de maths et aujourd’hui dans une maison de retraite. Gudrun, sa ex-femme, qui l’a quitté il y a longtemps et finalement, on a Gudrun la fille, qui est une adulte et elle a sa propre vie. Alors, Jonas vend son business, et part vers un pays ravagé par la guerre, afin de poursuivre son seul intérêt, le bricolage. Il a même laissé son portable chez lui avant de partir.

Je vais droit au but, je n’ai pas trop aimé le livre car je n'avais pas l'impression que c'était réel. Oui, ça arrive qu’on est triste avec notre vie, et on essaye a chercher le bonheur ailleurs, mais Jonas, il pars vers un pays fictif qui est détruit par la guerre. J’ai trouvé ce choix d’autrice comme le premier problème, je ne savais pas il est dans quel région du monde – ni avec la description de Hôtel Silence où il s’héberge, ni avec les personnages qu’il aide là-bas ; une jeune femme et son fils avec qui il a trouvé une connexion. Aussi, dans le monde d’aujourd’hui, ce ne serait pas très difficile de découvrir où il se trouve parce qu’évidemment il est sorti en utilisant son passeport islandais et si sa fille a porté une plainte avec la police, elle pourrait lui retrouver facilement (alors, je n’ai pas compris pourquoi elle a pris assez du temps).

Cependant, j’ai bien apprécié le développement du personnage de Jonas, et je pouvais facilement imaginer sa personnalité. La description de sa famille était également réussie. Par ailleurs, plusieurs citations de Jonas sur la guerre m'ont marqué, notamment ses réflexions sur la redondance des conflits. J’ai également apprécié le titre du roman et la décision de la traductrice de conserver le titre islandais tout en en expliquant le sens.

Le livre avait beaucoup de promesses au début, mais comme j’ai dit, les situations ne semblait pas réelles et ça aurait être beaucoup mieux si elle avait choisit une vraie région en guerre. Peut-être c’est le style d’autrice également, que j’ai lu un autre roman d’elle avant ; Miss Islande (cliquez ici afin de lire mon avis), et j’ai trouvé le même problème – l’idée a été intéressant mais l'intrigue semble très improbable.

Pour conclure, j’ai bien apprécié les premiers trentaine de pages mais après j’ai été perdu jusqu’à la fin. Le roman peut être apprécié par les lectuer.ice.s qui aiment lire sur les relations humaines mais pas forcément intéressé.e.s par les situations qui l'entourent (comme la guerre - les causes et la façon dont la société était dans cette région qu'il a choisie). Alors, j’attribue une note de quatre sur dix pour le roman.

La note – 4/10

Bonne journée
Andy

Saison toxique pour les fœtus de Vera Bogdanova – avis de lecture

 


Résumé :

« Nous sommes en Russie, la datcha de la grand-mère est toujours le refuge des familles dont parlait Tolstoï, « qui sont malheureuses chacune à sa façon ». Ici les parents ont vu disparaître l’Union soviétique et ont droit, à la place d’un avenir radieux, au capitalisme sauvage et aux attentats terroristes.

Tout commence en 1995, Jénia a onze ans, elle est en vacances chez sa grand-mère où vient aussi son cousin Ilia, qui en a treize. Cinq ans plus tard, ils boivent de l’alcool pour la première fois, se baladent à moto et sortent en boîte… Encore cinq ans et c’est le premier baiser, la certitude d’être faits l’un pour l’autre malgré tous les obstacles. Les temps ont changé, mais pas les mentalités, pas les parents. Il y a aussi Dacha, la petite sœur d’Ilia, mal-aimée par une mère à la beauté ravageuse « qui ne sait pas choisir les hommes » et qui, comme trop de femmes russes, sera victime de violences conjugales exacerbées par l’alcool. »

Saison toxique pour les fœtus est un roman russe écrit par l’autrice Vera Bodganova. Il y a trois personnages principaux dans le livre : le frère et la sœur, Ilia et Daria, ainsi que leur cousine, Jénia.. Il et elles sont né.es dans les années 80, avant la chute de l’Union Soviétique mais il et elles grandissent en des temps très incertains comme les adolescent.es dans les années qui ont suivi la chute de l'Union soviétique.

Le roman dépeint bien la société russe de cette époque. Par exemple, la mère de Jénia met beaucoup de pression sur sa fille pour qu'elle apprenne l'anglais, perçu comme l'un des rares moyens d'obtenir un emploi stable. Cela dit, il y avait aussi l’aspect politique, les attentats terroristes autour de la Russie par les indépendantistes tchétchènes qui inquiète même les trois enfants pour aller à l’école ou sortir dans les rues. Le roman suivre leurs vies jusqu’à ses trentaines d’années, où ils vivent dans les différentes villes autour du pays et ont une vie difficile – ce que je comprends est une expérience typique et la déception sentie par la génération Y en Russie.

J’ai bien aimé les personnages développé – autour de ses trois cousin.es et ses différents intérêts durant des années, leurs goûts de musique, etc. On a même vu que la génération de leurs parents étaient très conservatrice, qu’on voit pendant un argument entre Jénia et quelqu’un dans sa cinquantaine qui a posé la question pourquoi Jénia n’était pas encore mariée. La façon de narration de l’autrice était intéressant aussi, étant donné qu'il n'était pas linéaire et qu'il faisait des allers-retours dans le temps entre ses trois parties.

Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que même si la politique est essentielle dans le roman, elle n'a abordé aucune des questions controversées en Russie. Si je ne me trompe pas, le nom de Poutine n’a pas été cité même une fois, il n’y avait pas la discussion autour des droits de LGBTQ+, ou sur la question de l’Ukraine. Bien sûr, elle a cité un incident en Ukraine, les manifestations d’Euromaidan en 2014 et comment les parents d’Ilia et Daria ont été dégoûté par les actions d’ukrainien.nes mais pas sur l’autres actes commis par la Russie, comme l’annexion de la Crimée. Peut être le fait que l’autrice habite encore en Russie et le roman est principalement pour un audience russe, sa décision est compréhensible.

Je n’ai pas compris trop de choix de la traductrice d’utiliser un titre si effrayant, vu que le titre russe ne donne pas la même traduction – et selon le site Deepl, ça se traduit comme « La saison des fruits empoisonnés » (Сезон отравленных плодов); si c’est un métaphore que je ne comprends pas et vous connaissez russe, vous pouvez vous exprimer dans la section des commentaires et je vous remercie en avance.

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman, qui est mon premier ouvrage russe contemporain. Il offre un portrait intéressant de la société post-soviétique. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Jénia, avec sa personnalité forte et indépendante. Ce sera une bonne lecture pour ce qui aime lire les romans contemporains d’ailleurs et j’attribue une note de huit sur dix.

La note – 8/10

Bonne journée
Andy

mercredi 2 octobre 2024

Miracle à la combe aux aspics d’Ante Tomic – avis de lecture

 


Résumé :

« A sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l'abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n'admet ni l'Etat ni les fondements de la civilisation, jusqu'à ce que le fils aîné, Kresimir, en vienne à l'idée saugrenue de se trouver une femme. Bientôt, il devient clair que la recherche d'une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.

La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road-movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s'associent pour accomplir un miracle à la combe aux Aspics. »

Miracle à la combe aux aspics est un roman croate écrit par Ante Tomic. La famille principale dont il parle est la famille Aspic, où le patriarche de la famille vit avec ses trois fils, hors réseau (ils ne paient jamais sa facture d’électricité) dans la montagne en Croatie. Le problème qu’ils ont – il n’y a plus une femme dans la maison après le décès de la mère de la famille et les quatre hommes trouvent la vie est très difficile et ils ne mangent que la polenta tous les jours.

Le fils, Kresimir essaie de changer la situation, il sort dans la ville pour rencontrer du monde et également une femme pour emmener chez la combe aux Aspics. J’ai trouvé l’idée assez drôle et il y avait l’humour dans l’écriture de l’auteur. Il y a également un peu de politique, vu que c’était après la guerre en Yougoslavie et il y avait toujours les tensions entre les Serbes et les Croates, comme on a vu dans une scène au bar pendant le roman – un argument entre Kresimir et un serbe. J’ai aimé comment les personnages féminins dans la vie d’Aspics sont également impliqués dans ce jeu d’évoquer l’humour.

Ce n’est pas un roman très long et j’ai trouvé que c’est une faiblesse, vu qu’il n’y avait pas de développement de personnage sauf celui de Kresimir. J'ai compris également que l’auteur a essayé d’évoquer les rires avec les noms et surnoms de personnages ; Aspic n’est pas un vrai nom de famille mais Il s'agit d'une référence au type de vipère (même si j’ai imaginé d’abord qu’avec une terminaison par « ic », ça a été un vrai nom croate). Même l’autre personnages principaux sont surnommés comme ciboulette, mais je n’ai pas trop compris ces références et peut-être s'est-il perdu dans la traduction.

Pour conclure, j’ai profité bien la première partie du livre, avec l’introduction de la famille et leur combe, mais il y avait trop de personnages sans beaucoup de développement pour en profiter pleinement. Je n’ai pas été ennuyé en lisant le roman et ça a terminé bien ; et alors, j’attribue une note de six sur dix.

 La note – 6/10

Bonne journée
Andy

jeudi 19 septembre 2024

Mahar le lionceau d’Anne Poiret et Lars Horneman – avis de lecture

 


Résumé :

« Mahar n’a que 10 ans lorsque l’Etat islamique le kidnappe au Kurdistan irakien et anéantit une partie de son peuple, les Yézidis. Il va vivre trois ans au sein du califat. Mahar a connu l’endoctrinement des écoles coraniques, la violence des centres d’entraînement pour enfants soldats, l’enfer des combats. À 12 ans, il se battait à Deir ez-Zor, en Syrie, et à Mossoul, en Irak, où il ira jusqu’à se porter candidat à un attentat-suicide. »

Mahar le lionceau est une bande dessinée d’Anne Poiret, journaliste française, illustrée par le scénariste danois Lars Horneman. Il s’agit d’un garçon yézidi qui s’appelle Mahar, qui devient un soldat pour le Daech après leur conquête de Sinjar en Irak par le groupe terroriste. Il est kidnappé lorsqu’il était adolescent et également endoctriné avec les principes d’islam radicale, pour lui rendre contre son propre peuple, les yézidis.

Après le reprise de la ville par la coalition, l’autrice rencontre Mahar dans le camp et il commence a raconter son histoire. La BD est divisée en six chapitres – avec la vie normale à Sinjar avec ses frères et sœurs – jusqu’à l’invasion par Daech, son recrutement, la guerre et son retour éventuel dans les camps établi par l’ONU.

L’histoire a bien montré l’impacte d’une guerre, dans les familles, dans les sociétés – ici, même la famille de Mahar a été séparé et allé partout et c’était même un effort pour réunir la famille. L’autrice a aussi bien montré l’effet d’endoctrinement – comment c’est facile a faire le monde à l’envers pour un adolescent, vu que Mahar est devenu quelqu’un convaincu par les idées de Daech.

J’ai aussi bien adoré les dessins de Lars Horneman – bien colorées et détaillées, particulièrement les cartes qui expliquent le pouvoir et le territoire politique dans la région. J’ai bien apprécié le fait que le visage de Mahar montré par l’autrice et le dessinateur est une tête « imaginaire » vu qu’il est toujours adolescent et sa confidentialité est important.

J’aurais plus apprécié la BD s’il y a avait davantage de conversations montré entre le psychologue de Mahar et lui, après son retour au camp, et comment il a aidé Mahar. L’épilogue a été un peu triste également, qui a bien montré qu’après toutes les invasions fait par les différents pays, il ne reste rien en Irak comme l’opportunité économique pour les jeunes comme Mahar.

Pour conclure, je donnerai une note de huit sur dix pour cette BD.

La note – 8/10

Bonne journée
Andy

jeudi 12 septembre 2024

Trois femmes puissantes de Marie NDiaye – avis de lecture

 


Résumé :

« Trois femmes tentent d’infléchir le cours du destin. Norah, avocate, parviendra-t-elle à innocenter son frère accusé de meurtre à Dara Salam ? Fanta sauvera-t-elle son mari, obsédé par son passé et sa culpabilité ? Khady Demba échappera-t-elle à la misère en se lançant sur les routes de l’exil depuis le Sénégal ? »

Trois femmes puissantes est une anthologie sur trois femmes d’origine sénégalaise – Norah, Fanta et Khady. Chacune de ces femmes a des problèmes différents – Norah, c’est un problème du présent, de sauver son frère tant qu’un avocat ; Fanta pour sauver son mari qui n’arrive pas à vivre dans le présent ou Khady, qui n’est plus acceptée dans sa belle-famille est part du Sénégal, dans un chemin dangereux. Le roman a été reconnu par le prix Goncourt en 2009.

L’autrice a bien écrit son roman et j’ai bien visualisé chaque personnage et leurs alentours lorsqu’elle a décrit, dans la première histoire, de Norah. On voit la vie dans la ville de Dara Salam, y compris leurs coutumes sociales et la position des femmes dans la société.

Cela dit, je n’ai pas apprécié ma lecture. Le premier problème n’est pas la faute de l’autrice – je ne connais pas le contexte autour des familles françaises d’origine sénégalaise et je n’arrive pas à m’identifier avec les problèmes décrits par elle. Mais il existe également des romans où je ne connais rien du tout sur la culture locale mais je suis quand même arrivé à l’apprécier grâce à l’écriture de l’aut.eur.rice.

J’ai pris trois tentatives pour finir cette lecture – la première fois, il y a trois ans et pas pendant ma meilleur état de santé non plus – et je me suis dit que je dois être dans un état d’esprit plus clair afin d’apprécier ce livre. Mais même aujourd’hui, c’était une lecture pénible pour moi.

Les trois histoires ne sont pas de la même taille – l’histoire de deuxième femme – Fanta, est la plus longue et également, la plus ennuyeuse que j’ai trouvé. J’ai eu certains points à apprécier sur l’histoire de Norah et Khady – la détermination de ces deux femmes, et la société que ne l’aide pas. Mais sur Fanta, je n’avais même pas compris comment elle est une femme puissante – j’ai trouvé que son mari Rudy a été un personnage plus important et beaucoup plus cité que Fanta dans la deuxième histoire.

Pour conclure, j’ai trouvé le roman pénible à lire et j’attribue une note de trois sur dix. Le roman n’est pas pour moi.

La note – 3/10

Bonne journée
Andy

jeudi 25 juillet 2024

L’alphabet du silence de Delphine Minoui – avis de lecture

 


Résumé :

« Götkay est professeur à l’université du Bosphore à Istanbul. Idéaliste, adoré de ses étudiants, il est tombé amoureux d’Ayla, avec qui il a une petite fille. Mais la répression féroce menée par le président Erdogan s’abat sur le couple. Un jour, en prison. Révoltée par cette injustice, Ayla décide de reprendre le flambeau. Jusqu’où ira-t-elle pour défendre ses idéaux ? Un roman de colère et d’amour, traversé par l’Histoire. »

L’alphabet du silence est le premier roman de Delphine Minoui, journaliste française qui a travaillé à Moyen-Orient  depuis longtemps. J’ai déjà lu les livres de cette autrice, des essais autour de guerres en Moyen-Orient, comme Les passeurs de livre de Daraya (cliquez ici pour lire mon avis de lecture) qui parle d’une bibliothèque sous-sol gérée par des jeunes hommes sous le bombardement d’Assad en Syrie. Alors, j’ai été intéressé à voir la transition en tant qu’une essayiste vers une romancière.

L’alphabet du silence commence en 2016 à Istanbul, quelques mois après le coup d’état échoué contre Président Erdogan. Götkay, un professeur à Istanbul, est arrêté par l’autorité, dans le cadre des mesures de répression prises par Erdogan contre ses dissidents à la suite du coup d'État. Son crime ? D’avoir signé une pétition en faveur de l’arrêt des opérations militaires contre les Kurdes dans le pays. Il a une jeune famille, sa femme Ayla qui est une prof de français elle-même à Université de Galatasaray à Istanbul, avec une fille de 5 ans, qui est une fille à papa. Ayla se retrouve toute seule, dans un environnement hostile pour les intellectuel.le.s, et bataille contre le système pour libérer son mari.

J’ai aimé l’évolution du personnage d’Ayla, qui devait s’occuper de sa fille (même en disant les mensonges que « papa va revenir bientôt »), et également commencé à s’engager avec d’autres militant.e.s kurdes, comme Azad, tout le temps en bataillant contre le régime d’Erdogan. a relation de la fille avec ses parents est bien décrite par l’autrice, même si on ne voit presque jamais Götkay tout au long de l’intrigue.

Elle a bien donné le contexte également, en expliquant la situation politique en Turquie après le coup d’état. Pour certain.e.s qui ne suivent pas la politique dans le pays, ça peut être utile, quand elle explique le Mouvement Gülen (mouvement dirigé par un religieux turc basé aux États-Unis) – le mouvement accusé par Erdogan pour le coup. Mais c’est également la faiblesse du livre – e comprends que, étant journaliste, elle est habituée à fournir toutes les informations et le contexte comme dans un article de journal, mais c'est parfois trop détaillé pour un roman. Parfois quand j’ai lu sur l’histoire des coups en Turquie et le rôle joué par les militaires, j'ai même oublié que je lisais un roman et j'ai eu l'impression de lire un article.

L’autrice a bien montré la société turque dans le livre – avec les intellectuel.le.s laïques, occidentalisé.e.s, et également la communauté marginalisée comme les kurdes. Peut-être le roman aurait pu être plus nuancé s'il y avait eu un personnage principal issu du milieu des « nationalistes conservateurs turcs » - ceux qui ont tendance à soutenir Erdogan.

Pour conclure, je vais dire que c’est un bon roman à lire, pour ceux qui sont intéressé.e.s par les évènements qui se passe dans cette partie du monde. Vue que j’adore la politique et les romans autour de la politique, j’ai bien aimé le livre. Le message donné par le livre est important – que le silence du peuple est le plus grand atout d'un.e dictat.eur.ice. J’attribuerai une note de huit sur dix.

La note – 8/10

Bonne journée
Andy