samedi 15 février 2025

L’indésiderable d’Inaam Kachachi – avis de lecture

 


Résumé :

« Taj Al-Moulouk et Widiane sont liées par la mémoire d’un pays, l’Irak. Forcées de s’exiler pour survivre, les deux femmes, qui appartiennent pourtant à des générations différentes, sont devenues amies à Paris, leur terre d’accueil. Une même question les hante : comment accepter le déracinement, la perte du pays qui les a vues naître ? Pour l’une en racontant le passé, pour l’autre en le taisant à tout jamais. Au gré de leurs récits entremêlés se dessine un portrait nuancé de l’Irak du siècle dernier.

Mélancolique ode à un pays englouti par la violence du XXe siècle, ce roman nous emporte dans les puissants souvenirs de ces femmes libres. »

L’indésirable est un roman écrit par la journaliste Inaam Kachachi, d’origine irakienne. Le roman, rédigé en arabe (irakien), traverse différentes époques – depuis l’époque où l’Irak était un royaume, jusqu’aux années 1950, puis la transition vers une république. Il met en scène des personnages principaux contraints à l’exil en raison de la situation politique.

On suit Taj Al-Moulouk, une journaliste à Bagdad – une profession rarement exercée par des femmes à son époque. Widiane, une musicienne d’origine irakienne également, est notre deuxième protagoniste ; elle appartient à une génération différente de Taj et ne partage pas sa nostalgie pour l’Irak. Enfin, le troisième personnage principal est Mansour, un palestinien qui a dû se réfugier au Pakistan après la Nakba de 1948 en Palestine.

Les trois personnages ont des vies très différentes. Taj, issue d’une famille très conservatrice, chérit sa liberté en tant que journaliste et apprécie côtoyer des hommes influents, comme le roi d’Irak. Plus tard, elle s’installe au Pakistan et devient présentatrice à la radio arabe, où elle entre en contact avec Mansour.

Le roman traverse plusieurs pays, continents et époques, ce qui est un des aspects que j’ai particulièrement appréciés. En suivant Taj et Mansour, on voyage en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, et on explore les bouleversements politiques et sociaux de ces régions. Le thème de l’exil est omniprésent : aucun des trois personnages ne peut retourner dans son pays d’origine en raison de la situation politique, que ce soit en Irak ou en Palestine.

J’ai écouté une interview d’Inaam Kachachi sur France Culture, où elle explique que tous les personnages du livre sont inspirés de personnes réelles. Il y a eu une journaliste irakienne qui a voyagé partout et mené une vie particulièrement « intéressante », ainsi qu’un homme politique palestinien exilé au Venezuela et une jeune musicienne irakienne (Widiane) dans son entourage. Cela dit, j’ai trouvé que c’était aussi une faiblesse du roman : l’autrice en a fait une sorte de biographie de Taj Al-Moulouk, racontant sa vie depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, ce qui dilue parfois l’intrigue.

Même si l’autrice affirme s’être basée sur des faits réels, j’ai trouvé certains éléments difficiles à croire, notamment la manière dont Taj Al-Moulouk est dépeinte comme une sorte de James Bond irakienne. Une scène en particulier m’a semblé exagérée : lorsqu’elle prétend avoir sauvé la résistance algérienne contre l’agression française. Nous avons tous tendance à embellir notre passé, surtout lorsqu’il ne peut plus être vérifié, et j’ai l’impression que l’autrice a pris ces récits pour argent comptant, sans les remettre en question.

Le roman aurait gagné en qualité si l’autrice s’était davantage concentrée sur certaines périodes clés de la vie de Taj, plutôt que d’en faire un récit biographique exhaustif. De plus, avec trois personnages principaux, je me suis parfois perdu en cours de lecture et j’ai eu du mal à suivre leurs histoires respectives.

En conclusion, je dirais que le roman avait un énorme potentiel, mais qu’il souffre de certaines faiblesses qui ont terni mon plaisir de lecture. Toutefois, la construction des trois personnages et l’analyse politique des différents pays sont des points positifs. En fin de compte, mon avis reste mitigé : il y a des aspects que j’ai appréciés et d’autres qui m’ont laissé sceptique. Je donne donc au roman la note de cinq sur dix.

La note – 5/10

Bonne journée
Andy

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