Résumé :
« Taj Al-Moulouk et Widiane sont liées par la
mémoire d’un pays, l’Irak. Forcées de s’exiler pour survivre, les deux femmes,
qui appartiennent pourtant à des générations différentes, sont devenues amies à
Paris, leur terre d’accueil. Une même question les hante : comment accepter le
déracinement, la perte du pays qui les a vues naître ? Pour l’une en racontant
le passé, pour l’autre en le taisant à tout jamais. Au gré de leurs récits
entremêlés se dessine un portrait nuancé de l’Irak du siècle dernier.
Mélancolique ode à un pays englouti par la
violence du XXe siècle, ce roman nous emporte dans les puissants souvenirs de
ces femmes libres. »
L’indésirable est un roman écrit par la journaliste Inaam Kachachi,
d’origine irakienne. Le roman, rédigé en arabe (irakien), traverse différentes
époques – depuis l’époque où l’Irak était un royaume, jusqu’aux années 1950,
puis la transition vers une république. Il met en scène des personnages
principaux contraints à l’exil en raison de la situation politique.
On suit Taj Al-Moulouk, une journaliste à Bagdad – une profession rarement
exercée par des femmes à son époque. Widiane, une musicienne d’origine
irakienne également, est notre deuxième protagoniste ; elle appartient à une
génération différente de Taj et ne partage pas sa nostalgie pour l’Irak. Enfin,
le troisième personnage principal est Mansour, un palestinien qui a dû se
réfugier au Pakistan après la Nakba de 1948 en Palestine.
Les trois personnages ont des vies très différentes. Taj, issue d’une
famille très conservatrice, chérit sa liberté en tant que journaliste et
apprécie côtoyer des hommes influents, comme le roi d’Irak. Plus tard, elle
s’installe au Pakistan et devient présentatrice à la radio arabe, où elle entre
en contact avec Mansour.
Le roman traverse plusieurs pays, continents et époques, ce qui est un des
aspects que j’ai particulièrement appréciés. En suivant Taj et Mansour, on
voyage en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, et on explore les
bouleversements politiques et sociaux de ces régions. Le thème de l’exil est
omniprésent : aucun des trois personnages ne peut retourner dans son pays
d’origine en raison de la situation politique, que ce soit en Irak ou en
Palestine.
J’ai écouté une interview d’Inaam Kachachi sur France Culture, où
elle explique que tous les personnages du livre sont inspirés de personnes
réelles. Il y a eu une journaliste irakienne qui a voyagé partout et mené une
vie particulièrement « intéressante », ainsi qu’un homme politique palestinien
exilé au Venezuela et une jeune musicienne irakienne (Widiane) dans son
entourage. Cela dit, j’ai trouvé que c’était aussi une faiblesse du roman :
l’autrice en a fait une sorte de biographie de Taj Al-Moulouk, racontant sa vie
depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, ce qui dilue parfois l’intrigue.
Même si l’autrice affirme s’être basée sur des faits réels, j’ai trouvé
certains éléments difficiles à croire, notamment la manière dont Taj Al-Moulouk
est dépeinte comme une sorte de James Bond irakienne. Une scène en
particulier m’a semblé exagérée : lorsqu’elle prétend avoir sauvé la résistance
algérienne contre l’agression française. Nous avons tous tendance à embellir
notre passé, surtout lorsqu’il ne peut plus être vérifié, et j’ai l’impression
que l’autrice a pris ces récits pour argent comptant, sans les remettre en
question.
Le roman aurait gagné en qualité si l’autrice s’était davantage concentrée
sur certaines périodes clés de la vie de Taj, plutôt que d’en faire un récit
biographique exhaustif. De plus, avec trois personnages principaux, je me suis
parfois perdu en cours de lecture et j’ai eu du mal à suivre leurs histoires
respectives.
En conclusion, je dirais que le roman avait un énorme potentiel, mais qu’il
souffre de certaines faiblesses qui ont terni mon plaisir de lecture.
Toutefois, la construction des trois personnages et l’analyse politique des
différents pays sont des points positifs. En fin de compte, mon avis reste
mitigé : il y a des aspects que j’ai appréciés et d’autres qui m’ont laissé
sceptique. Je donne donc au roman la note de cinq sur dix.
La note – 5/10
Bonne journée
Andy
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