lundi 24 février 2025

Seule de Nesrine Slaoui – avis de lecture

 


Résumé :

« Deux vies en parallèle.
Celle d’Anissa, une adolescente qui vit à Argenteuil, et celle de Nora, trentenaire parisienne.
La première est victime d’un harcèlement scolaire violent et finira par en mourir.
La deuxième lutte sur tous les fronts à la fois, contre le sexisme et le racisme qu’elle endure au quotidien, et pour ne pas se laisser broyer par une relation de couple nocive.
Qu’est-ce qui les lie, sinon bien sûr de subir la brutalité du monde ? Est jusqu’où faudra-t-til aller pour en finir avec la violence des hommes ?

Inspiré de faits réels qui s’éclairent ‘un l’autre par le détour de la fiction, Seule nous plonge au cœur  de multiples problématiques contemporaines, de l’addiction aux réseaux sociaux à l’intériorisation des comportements genrés, et jusqu’au sujet complexe entre tous de la tégitime défense de femmes en danger de mort. »

Seule est un roman qui raconte l’histoire de deux jeunes femmes issues de générations différentes : Nora, une trentenaire, et Anissa, une adolescente encore au lycée. Malgré cet écart d’âge, elles partagent des luttes similaires. Nora fait face à de nombreux problèmes, notamment dans sa relation amoureuse, mais aussi dans la société, où elle subit à la fois le racisme et le sexisme. Cette dimension intersectionnelle est particulièrement intéressante. De son côté, Anissa est une élève harcelée dans son lycée à Argenteuil. En quête de reconnaissance et d’attention, son quotidien change avec l’arrivée de Dylan, un nouvel élève.

J’ai apprécié les thèmes et les sujets abordés par l’autrice, qui met en lumière les injustices sociales persistantes touchant les femmes racisées, indépendamment de leur âge. Son écriture m’a également séduit, notamment par les touches de poésie qu’elle intègre de temps en temps. Avec moins de 140 pages, Seule est une lecture rapide, mais son contenu reste percutant et parfois difficile, en raison des sujets traités.

Cependant, la brièveté du roman constitue aussi une faiblesse. J’ai trouvé que la rencontre entre les histoires de Nora et d’Anissa se faisait un peu trop rapidement, laissant peu de place au développement des personnages secondaires. Un autre point qui m’a dérangé concerne la quatrième de couverture rédigée par l’éditeur (Fayard), qui en révèle beaucoup trop. Cela a réduit l’impact de certains événements du roman, qui auraient gagné à être découverts au fil de la lecture.

C’est un livre accessible à tous – je suis moi-même un homme cis – et j’ai pu comprendre et ressentir les émotions des personnages dans la plupart des situations. Néanmoins, certaines expériences me restent plus lointaines. Par exemple, je n’ai pas totalement saisi la douleur de Nora face à la déception amoureuse avec son ex. Peut-être que d’autres lecteurs ou lectrices s’y identifieront davantage ? N’hésitez pas à partager votre avis en commentaire.

En conclusion, Seule est une lecture fluide qui aborde des thématiques fortes et pertinentes. Je lui attribue la note de sept sur dix.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

samedi 15 février 2025

L’indésiderable d’Inaam Kachachi – avis de lecture

 


Résumé :

« Taj Al-Moulouk et Widiane sont liées par la mémoire d’un pays, l’Irak. Forcées de s’exiler pour survivre, les deux femmes, qui appartiennent pourtant à des générations différentes, sont devenues amies à Paris, leur terre d’accueil. Une même question les hante : comment accepter le déracinement, la perte du pays qui les a vues naître ? Pour l’une en racontant le passé, pour l’autre en le taisant à tout jamais. Au gré de leurs récits entremêlés se dessine un portrait nuancé de l’Irak du siècle dernier.

Mélancolique ode à un pays englouti par la violence du XXe siècle, ce roman nous emporte dans les puissants souvenirs de ces femmes libres. »

L’indésirable est un roman écrit par la journaliste Inaam Kachachi, d’origine irakienne. Le roman, rédigé en arabe (irakien), traverse différentes époques – depuis l’époque où l’Irak était un royaume, jusqu’aux années 1950, puis la transition vers une république. Il met en scène des personnages principaux contraints à l’exil en raison de la situation politique.

On suit Taj Al-Moulouk, une journaliste à Bagdad – une profession rarement exercée par des femmes à son époque. Widiane, une musicienne d’origine irakienne également, est notre deuxième protagoniste ; elle appartient à une génération différente de Taj et ne partage pas sa nostalgie pour l’Irak. Enfin, le troisième personnage principal est Mansour, un palestinien qui a dû se réfugier au Pakistan après la Nakba de 1948 en Palestine.

Les trois personnages ont des vies très différentes. Taj, issue d’une famille très conservatrice, chérit sa liberté en tant que journaliste et apprécie côtoyer des hommes influents, comme le roi d’Irak. Plus tard, elle s’installe au Pakistan et devient présentatrice à la radio arabe, où elle entre en contact avec Mansour.

Le roman traverse plusieurs pays, continents et époques, ce qui est un des aspects que j’ai particulièrement appréciés. En suivant Taj et Mansour, on voyage en Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud, et on explore les bouleversements politiques et sociaux de ces régions. Le thème de l’exil est omniprésent : aucun des trois personnages ne peut retourner dans son pays d’origine en raison de la situation politique, que ce soit en Irak ou en Palestine.

J’ai écouté une interview d’Inaam Kachachi sur France Culture, où elle explique que tous les personnages du livre sont inspirés de personnes réelles. Il y a eu une journaliste irakienne qui a voyagé partout et mené une vie particulièrement « intéressante », ainsi qu’un homme politique palestinien exilé au Venezuela et une jeune musicienne irakienne (Widiane) dans son entourage. Cela dit, j’ai trouvé que c’était aussi une faiblesse du roman : l’autrice en a fait une sorte de biographie de Taj Al-Moulouk, racontant sa vie depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, ce qui dilue parfois l’intrigue.

Même si l’autrice affirme s’être basée sur des faits réels, j’ai trouvé certains éléments difficiles à croire, notamment la manière dont Taj Al-Moulouk est dépeinte comme une sorte de James Bond irakienne. Une scène en particulier m’a semblé exagérée : lorsqu’elle prétend avoir sauvé la résistance algérienne contre l’agression française. Nous avons tous tendance à embellir notre passé, surtout lorsqu’il ne peut plus être vérifié, et j’ai l’impression que l’autrice a pris ces récits pour argent comptant, sans les remettre en question.

Le roman aurait gagné en qualité si l’autrice s’était davantage concentrée sur certaines périodes clés de la vie de Taj, plutôt que d’en faire un récit biographique exhaustif. De plus, avec trois personnages principaux, je me suis parfois perdu en cours de lecture et j’ai eu du mal à suivre leurs histoires respectives.

En conclusion, je dirais que le roman avait un énorme potentiel, mais qu’il souffre de certaines faiblesses qui ont terni mon plaisir de lecture. Toutefois, la construction des trois personnages et l’analyse politique des différents pays sont des points positifs. En fin de compte, mon avis reste mitigé : il y a des aspects que j’ai appréciés et d’autres qui m’ont laissé sceptique. Je donne donc au roman la note de cinq sur dix.

La note – 5/10

Bonne journée
Andy

samedi 8 février 2025

Kallocaïne de Karin Boye – avis de lecture

 


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Résumé :

« Dans une société où la surveillance de tous, sous l'oeil vigilant de la police, est l'affaire de chacun, le chimiste Leo Kall met au point un sérum de vérité qui offre à l'État Mondial l'outil de contrôle total qui lui manquait. En privant l'individu de son dernier jardin secret, la kallocaïne permet de débusquer les rêves de liberté que continuent d'entretenir de rares citoyens. Elle permettra également à son inventeur de surmonter, au prix d'un viol psychique, une crise personnelle qui lui fera remettre en cause nombre de ses certitudes. Et si le rêve des derniers résistants, une mystérieuse cité fondée sur la confiance, n'en était pas un ? Kallocaïne est le chaînon manquant entre Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes et 1984. Dès 1940, la dystopie visionnaire de Karin Boye interroge les limites, s'il y en a, du contrôle que peut exercer un État totalitaire sur ses citoyens. »

A noter : C’est un roman écrit en suédois et j’ai lu sa traduction anglaise

Kallocaïne est un roman dystopique écrit par l'autrice suédoise Karin Boye durant l'entre-deux-guerres. L’histoire se déroule dans un futur dystopique où un gouvernement mondial, traduit en anglais par l’Etat mondial, exerce un contrôle absolu. Ce régime est, à bien des égards, inspiré de l'Union soviétique. L’autrice écrit ce roman dans les années 1930, à une époque où la bataille idéologique fait rage entre le modèle individualiste de marché des Etats-Unis et le modèle collectif soviétique, et elle en propose ici une vision dystopique.

Le personnage principal, Leo Kall, est un scientifique travaillant pour l’armée de l’Etat mondial. Patriote fervent, il est convaincu que tous les traîtres doivent être « éliminés » pour préserver le régime. Il met au point un sérum qui, une fois injecté, contraint la personne à dire la vérité et à révéler toutes ses pensées opposées au régime. Il baptise cette invention de son propre nom : Kallocaïne. Cependant, il est aussi un personnage profondément anxieux, persuadé que sa femme est amoureuse de son supérieur, Rissen. Obsédé par l'idée d’obtenir la vérité d’elle, il se retrouve entraîné dans une spirale de problèmes qui constituent le cœur du roman.

Pour ma part, ce roman ne m’a pas convaincu ; j’ai trouvé que l’univers créé par l’autrice manquait de connexion avec la réalité. J’aurais aimé en apprendre davantage sur le fonctionnement de cet Etat mondial, mais l’intrigue se déroule principalement dans une salle d’interrogatoire où Leo administre la Kallocaïne aux épouses de soldats pour obtenir des informations sur eux. Il n’y a aucune indication sur l’événement qui a conduit à la consolidation de cet Etat, ni de descriptions du quotidien : à quoi ressemblait le paysage, quel temps faisait-il, comment les habitant.es occupaient-ils leur temps libre (même s’il s’agissait de regarder des émissions de propagande, par exemple) ?

J’ai trouvé l’idée de base intéressante, surtout dans le contexte historique de l’époque, où certains pays s’orientaient vers une économie planifiée et une société collectiviste, et où l’autrice imagine une version dystopique de cette évolution. Cependant, elle semble hésiter entre construire son univers et explorer les insécurités de Leo, et au final, elle ne parvient à approfondir ni l’un ni l’autre.

Ce n’est pas un roman très long, mais j’ai trouvé sa lecture laborieuse. La science-fiction et les romans dystopiques ne sont pas mon genre de prédilection, mais je pense lui avoir donné une chance honnête. Pour un lecteur comme moi, le livre aurait pu mieux fonctionner si l’autrice avait clairement choisi un axe principal et relégué l’autre à un rôle secondaire au lieu de tenter d’équilibrer les deux. Alors, j’attribue au roman la note de trois sur dix.

La note – 3/10

Bonne journée,
Andy

mardi 3 décembre 2024

Les détails d’Ia Genberg – avis de lecture

 


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A noter : J'ai lu la traduction anglaise du roman 

Résumé :

« Les détails est un roman court, fiévreux, hypnotique et tout en finesse. Une plume drôle et acérée, une construction magistrale. Au final, un grand roman d'apprentissage au cœur des années 90.

Il a obtenu le prix August, le prix Goncourt suédois, en 2022.

Une femme est clouée au lit, fiévreuse. Sans pouvoir expliquer pourquoi, elle a soudain l’envie de relire la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster. De là, elle commence à se remémorer des moments de sa vie, notamment sa vingtaine dans les années 1990, à l’aube du tournant de l’an deux-mille. Les méandres de ses souvenirs forment une prose magnétique nourrie de nostalgie et de réflexions existentielles irrésistibles. Le tout agrémenté de références réjouissantes à la littérature. Son existence semble se résumer à quatre relations dont un amour indélébile, une amitié sauvage, une rencontre électrique et éphémère. Elle en tire des portraits inoubliables dont les sujets sont à la fois celle qui raconte et ceux qui sont racontés, une perspective, des détails que l’on remarque ou pas, une histoire de relations qui se font et se défont avant que l’ère numérique ne vienne bouleverser les rapports humains. »

Les détails est un roman écrit sous la forme des mémoires de la narratrice, par l'écrivain Ia Genberg. Le roman est écrit en suédois et je me suis appuyée sur la traduction anglaise de Kira Josefsson. Le roman est divisé en quatre chapitres, chacun portant le nom d'une personne qui l'a marqué dans sa vie : Johanna, une écrivaine dont la narratrice se souvient après avoir retrouvé une lettre d'amour écrite dans le passé ; Niki, une femme séparée de ses parents, avec laquelle la narratrice partage un appartement ; Alejandro, une personne originaire d'Amérique du Sud avec laquelle la narratrice entretient une relation sérieuse et, enfin, Birgitte, une femme qui a ses propres angoisses et qui fait de son mieux pour créer sa propre identité - qu'elle soit politique ou personnelle.

Ce roman pourrait être décrit comme le roman typique où « rien ne se passe », mais il est probablement racontable à chaque personne qui le lit. Nous avons tous eu dans notre vie des personnes qui ont été importantes pour nous de différentes manières et parfois, nous avons fait tout notre possible pour rester en contact et malgré tous nos efforts, nous ne sommes plus en contact, ce qui arrive à la narratrice. La raison pour laquelle je ne nomme pas la narratrice est que cette personne n'a jamais été nommée par l'écrivain et que toute la narration est de son point de vue (pendant longtemps, je n'étais pas sûr de son sexe biologique / identité de genre jusqu'à la dernière moitié du livre mais ce n’est pas ambigu non plus).

J'ai également aimé les détails, comme les rues de Stockholm, que je n'ai pas visitées souvent, mais que je pouvais encore très bien visualiser, les cafés et les gens qui se promenaient. Les parties du roman que j'ai préférées sont les histoires de Niki et de Birgitte, qui montrent la vulnérabilité de chacune des personnes impliquées et la mesure dans laquelle elles sont allées pour échapper ou faire face à ces défis.

Cependant, l'autrice m'a perdue dans le chapitre sur Alejandro, et il y a eu des moments où je me suis déconcentré et où je n'ai pas pu prêter attention aux détails jusqu'à la fin du chapitre, mais après cela, c'était un retour en force avec l'histoire de Birgitte. J'ai eu les mêmes sentiments concernant le premier chapitre sur Johanna, où il était lent et où je ne savais pas trop où le roman se dirigeait avant d'entrer dans le chapitre sur Niki.  

Pour résumer, je dirais qu'il s'agit d'un roman qui saisit très bien les émotions humaines et qui, fidèle à son titre, montre comment ces petits détails sont ce qui nous fait. J'ai également apprécié que l'auteur s'en tienne à un point de vue local plutôt que de chercher à plaire au grand public, et j'ai eu l'impression de voyager à nouveau en Suède en lisant ce roman. C'est une lecture facile, à la fin de laquelle j'étais heureuse d'avoir lu ce roman.

Sur ce, je donnerais à ce roman une note de sept sur dix, il aurait pu être là s'il y avait eu plus de profondeur dans les histoires d'Alejandro et de Johanna comme dans celle de Niki et de Birgitte.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

La végétarienne de Han Kang – avis de lecture

 

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Résumé :

“Une nuit, elle se réveille et va au réfrigérateur, qu’elle vide de toute la viande qu’il contient. Guidée par son rêve, Yonghye a désormais un but  : devenir végétale, se perdre dans l’existence lente et inaccessible des arbres et des plantes. Ce dépouillement qui devient le sens de sa vie, le pouvoir érotique, floral, de sa nudité vont faire voler en éclats les règles de la société, dans une lente descente vers la folie et l’absolu.”

La végétarienne est un roman écrit par l’autrice sud-coréenne Han Kang, qui a remporté le prix Nobel littérature en 2024. Dans ce roman, on a Yonghye, qui vit dans son mari et elle mène une vie banale, jusqu’à sa décision de devenir végétalienne à cause d’un rêve qu’elle a eu. Son mari l’a épousée précisément parce qu’il est un homme moyen et également, selon lui, Yonghye est aussi une femme traditionnelle avec qui il peut avoir une vie “moyenne” et cette décision a emporté trop de changement qu’il pouvait tolérer. Ce n’est pas que son mari qui n’aime pas sa décision - même ses parents ne l’a pas soutenu et dans un moment, son père essaie de la forcer à manger la viande. Elle arrête de manger et son niveau de santé baisse plus en plus et le roman suit sa vie – et depuis ce portrait, l’autrice nous montre le patriarcat dans la société sud-coréenne et la position des femmes dans la société.

J’ai bien aimé le début du roman, qui m’a donné beaucoup d’attente - dans un mariage où chaque jour est le même, soudainement Yonghye décide de ne plus manger la viande. On voit également comment son mari devient plus agressif envers elle, comme s'il avait le droit d'intervenir dans ses choix personnels. J'ai aimé le lien entre Yonghye et sa sœur, sa seule source de soutien dans ce choix. Le choix de changer la façon de narration dans chaque chapitre est un choix intéressant aussi, le premier chapitre du point de vue de mari de Yonghye et les chapitres suivants suivre une narration à la troisième personne.

J'ai dû beaucoup réfléchir pour écrire quelque chose de positif sur le roman dans la critique et c'est fait. Sinon, je n’ai pas aimé le roman, du tout. Déjà, j’ai trouvé qui le titre du roman est trompeur, ses problèmes familiaux n’étaient pas parce qu’elle est devenue végane, mais parce qu’elle a arrêté de manger, du tout. En tant que végane moi-même, j’ai beaucoup de questions bizarres dans ma vie quotidienne posées par les gens autour de moi – si je ne me sens pas faim, si j’ai suffisamment des nutriments, si je prends des vaccins, etc. Une majorité de fois, ces sont de questions posées par sa curiosité (parfois de mauvaise foi) - mais comme dans n’importe quel mouvement ou l’idée, il existe un extrême et ici, Yonghye était un exemple de cet extrême. Je trouve que la mauvaise perception autour des véganes est à cause des personnages dans le pop culture (comme les films, les séries, les romans, etc.) qui montre ce type de personnalité avec laquelle tou.s.tes les véganes sont jugé.es.

Je suis arrivé à sympathiser avec Yonghye et sa situation difficile, mais personnellement, je n'ai pas pu m'identifier à l'acte de décider d'arrêter complètement de manger à cause d'un rêve. La fin de roman n’a pas donné l’espoir non plus – je comprends que dans la vraie vie, toutes les situations n’ont pas une fin définitive, mais ici – je n’ai rien vu dans l’intrigue non plus. Sauf sa soeur Inghye, il n’y avait pas un développement de personnage, avec subtilité ou complexité - ils ont tous méchants - soit le mari de Yonghye ou le reste de sa famille.

Pour conclure, ça m’arrive souvent que pour un aut.eur.ice qui rempotre le prix Nobel, soit j’adore comme Gabriel Garcia Marquez ou Albert Camus ; soit je n’aime pas du tout, comme celui d’année dernière Jon Fosse et Han Kang va se retrouver sous la même catégorie. C’était impossible pour moi pour m’identifier avec les personnages, et même si je n’ai pas été végane, je n’aurai pas aimé le roman mais vu que je le suis, cet aspect personnel a ajouté davantage une raison pourquoi je n’ai pas apprécié ce roman. En considérant tous les remarques que j’ai fait dans cet avis de lecture, j’attribue une note de trois sur dix pour le roman.

La note – 3/10

Bonne journée
Andy

lundi 28 octobre 2024

Plaidoyer pour les intellectuels de Jean-Paul Sartre – avis de lecture

 


Résumé :

« Pourquoi rééditer ce petit livre paru en 1972 alors que nous vivons à une époque marquée par un désenchantement généralisé à l’égard des intellectuels ?

Parce qu’il était nécessaire de rappeler la définition de l’« intellectuel universel » défendue par Sartre. Comme celle-ci a été souvent caricaturée, il fallait revenir à la source et mettre en relief ses lignes de force.

Jean-Paul Sartre pose ici trois questions importantes – et tente d’y répondre : qu’est-ce qu’un intellectuel ? Quelle est sa fonction ? L’écrivain est-il un intellectuel ?

Point de repère pour comprendre ce que sont devenus les intellectuels depuis les années 1970, ce plaidoyer offre aussi des arguments à ceux qui veulent encore défendre leur cause aujourd’hui. »

Plaidoyer pour les intellectuels est un essai écrit par le philosophe français, Jean-Paul Sartre. Il répond à la question qui est un.e intellectuel.le et à quoi sert ces intellectuel.le.s d’aujourd’hui. Cet essai est basé sur les conférences qu’il a fait dans les années 60s, dans un contexte historique – pendant la décolonisation et même après la guerre d’Algérie où Sartre a encouragé les soldats français à déserter ses postes en Algérie.

Dans cet essai, pour une majorité, il parle sur la définition d’un intellectuel.le. C’est évident que dans la société d’aujourd’hui ou dans les années 60s, les médias n'aiment pas les personnes qui s'éloignent sensiblement de l'establishment, au point que le mot « intellectuel.le » est souvent utilisé comme une insulte. Avec ses trois conférences, il essaie à nous expliquer ; d’abord, qui est un.e intellectuel.le, fonction de cet.te intellectuel.le, et si un.e écrivain.e est un intellectuel. Je crois que c’est un sujet très important et aujourd’hui, on a plusieurs personnes politiques qui se moquent de l'expertise et de l'intellectuel, en particulier de l'extrême droite (comme on l'a vu lors de la pandémie de Covid-19).

J’ai trouver l’idée de son essai intéressante et également importante mais a-t-il vraiment faire plaidoyer pour les intellectuels ? A mon avis, malheureusement, la réponse est non. J’ai trouvé que l’auteur a tombé beaucoup sous le piège de définir chaque mot qu’il a utilise – une majorité du chapitre qui a expliqué la fonction d’un.e intellectuel.le a parlé plus sur la définition de mot « fonction » ou la « société ». J’aurai préféré si il a donné des exemples pertinents de son époque, la persecution des intellectuel.les pendant son ère et comment il fait plaidoyer pour ces personnes qui ont subi.

C’était aussi une déception pour moi, grâce à son profil, j’ai attendu des arguments très profonds en défendant les intellectuel.les. Ce livre n'a pas eu d'impact sur moi, étant donné que je suis quelqu'un qui a de la sympathie pour les intellectuels. Je peux donc dire en toute confiance que ce livre peut, au mieux, prêcher à un.e converti.e, mais pas influencer ceux qui ont des opinions négatives sur les intellectuels. En le considérant, j’attribue cet essai une note de quatre sur dix.

La note – 4/10

Bonne journée
Andy

mercredi 9 octobre 2024

Pedro Paramo de Juan Rulfo – avis de lecture

 


Résumé :

« On l’a lu d’abord comme un roman « rural » et « paysan », voire comme un exemple de la meilleure littérature «indigéniste». Dans les années soixante et soixante-dix, il est devenu un grand roman « mexicain », puis « latino-américain ». Aujourd’hui, on dit que Pedro Páramo est, tout simplement, l’une des plus grandes œuvres du XX siècle, un classique contemporain que la critique compare souvent au Château de Kafka et au Bruit et la fureur de Faulkner.

Et pour cause : personne ne sort indemne de la lecture de Pedro Páramo. Tout comme Kafka et Faulkner, Rulfo a su mettre en scène une histoire fascinante, sans âge et d’une beauté rare : la quête du père qui mène Juan Preciado à Cómala et à la rencontre de son destin, un voyage vertigineux raconté par un chœur de personnages insolites qui nous donnent à entendre la voix profonde du Mexique, au-delà des frontières entre la mémoire et l’oubli, le passé et le présent, les morts et les vivants. »

A noter : J’ai la traduction anglaise du roman

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Pedro Paramo est un court roman classique mexicain, écrit par l'auteur Juan Rulfo. J'ai été intrigué par le fait que l'avant-propos de mon édition anglaise était écrit par Gabriel Garcia Marquez, ce qui laissait présager le genre de roman auquel je pouvais m'attendre.

Il retrace le voyage de Juan Preciado, qui se rend à Comala, une ville fictive du Mexique, à la recherche de « Pedro Paramo », que la mère de Juan, sur son lit de mort, lui a dit être son père. Il est invité par une connaissance de sa mère qui commence à raconter l'histoire de Pedro Paramo qui est décédé il y a longtemps - une personne influente dans la région qui était le propriétaire du ranch Media Luna, et qui avait eu plusieurs fils avec différentes femmes, mais n'en avait reconnu qu'un seul, Miguel - qui avait créé plusieurs problèmes, notamment en commettant des viols et des meurtres. Juan est également effrayé lorsqu'il finit par réaliser qu'aucune des personnes n'est vivante et qu'il n'a fait qu'interagir avec les fantômes.

J'ai apprécié l'atmosphère de mystère qui entoure le roman - qui est Pedro Paramo et qui sont tous ces gens qui l'entourent ? Juan obtiendra-t-il quelque chose de ce voyage ? L'évolution du personnage de Pedro a été bien menée - lui qui se méfiait de son père parce qu'il le considérait comme incompétent, mais qui devient une figure redoutable de la communauté ; il est également contraint à un mariage dont il ne veut pas en raison des dettes de son père et ne peut pas épouser Susana, la femme qu'il aimait vraiment. Bien qu'il possède un grand domaine, il n'a pas de successeur dont il puisse être fier, étant donné les problèmes que Miguel a causés et qui l'obligent à demander souvent pardon au prêtre. Enfin, son influence est menacée par la révolution que connaît le Mexique à cette époque, où les gens se soulèvent contre le gouvernement qui favorise les propriétaires terriens comme Pedro Paramo.

Mystère mis à part, malgré la longueur relativement courte du roman, il y a plus de dix personnages dignes d'intérêt, chacun ayant suffisamment d'espace pour rester dans votre esprit. Ce livre n'est pas facile à lire - il faut de la concentration pour absorber le réalisme magique autour des fantômes, la narration non linéaire et même un changement de narrateur au cours de l'histoire, mais j'ai trouvé la narration si intéressante que j'ai terminé tout le roman d'une traite, en 90 minutes.

N'ayant pas beaucoup connu la politique mexicaine, il était intéressant de savoir que la société était encore très féodale au début du 20ème siècle et qu'un propriétaire comme Pedro Paramo avait le pouvoir de décider du sort de toute une ville s'il le souhaitait ; il était également bon de voir l'auteur faire allusion à ces aspects politiques et introduire ces éléments dans le roman, le rendant ainsi plus bien.

J'ai déjà lu des œuvres de Gabriel Garcia Marquez et celle-ci m'a beaucoup rappelé Cent ans de solitude. D'après l'avant-propos, je comprends que Marquez lui-même a été motivé pour écrire son chef-d'œuvre après s'être installé à Mexico et avoir découvert Pedro Paramo et d'autres œuvres de Juan Rulfo. Par conséquent, mes attentes après avoir lu cette introduction étaient très élevées et ce roman a certainement répondu à ces attentes.

En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman et cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman en me concentrant pleinement, sans avoir à bouger ou à être distrait par les notifications de mon téléphone. C'est un excellent roman pour ceux qui apprécient les œuvres d'auteurs comme Marquez ou Rushdie ou pour tous ceux qui souhaitent essayer des romans de ce genre, il fait moins de 150 pages et serait donc une lecture assez courte et est fortement recommandé. Sur cette note, j'attribue à ce livre une note de neuf sur dix.

La note – 9/10

Bonne journée
Andy