Résumé :
« Nous sommes en Russie, la datcha de la
grand-mère est toujours le refuge des familles dont parlait Tolstoï, « qui sont
malheureuses chacune à sa façon ». Ici les parents ont vu disparaître l’Union
soviétique et ont droit, à la place d’un avenir radieux, au capitalisme sauvage
et aux attentats terroristes.
Tout commence en 1995, Jénia a onze ans, elle est
en vacances chez sa grand-mère où vient aussi son cousin Ilia, qui en a treize.
Cinq ans plus tard, ils boivent de l’alcool pour la première fois, se baladent
à moto et sortent en boîte… Encore cinq ans et c’est le premier baiser, la
certitude d’être faits l’un pour l’autre malgré tous les obstacles. Les temps
ont changé, mais pas les mentalités, pas les parents. Il y a aussi Dacha, la
petite sœur d’Ilia, mal-aimée par une mère à la beauté ravageuse « qui ne sait
pas choisir les hommes » et qui, comme trop de femmes russes, sera victime de
violences conjugales exacerbées par l’alcool. »
Saison toxique pour les fœtus est un roman russe écrit par l’autrice Vera Bodganova.
Il y a trois personnages principaux dans le livre : le frère et la sœur, Ilia
et Daria, ainsi que leur cousine, Jénia.. Il et elles sont né.es dans les
années 80, avant la chute de l’Union Soviétique mais il et elles grandissent en
des temps très incertains comme les adolescent.es dans les années qui ont
suivi la chute de l'Union soviétique.
Le roman dépeint bien la société russe de cette époque. Par exemple, la
mère de Jénia met beaucoup de pression sur sa fille pour qu'elle apprenne
l'anglais, perçu comme l'un des rares moyens d'obtenir un emploi stable. Cela
dit, il y avait aussi l’aspect politique, les attentats terroristes autour de
la Russie par les indépendantistes tchétchènes qui inquiète même les trois
enfants pour aller à l’école ou sortir dans les rues. Le roman suivre leurs
vies jusqu’à ses trentaines d’années, où ils vivent dans les différentes villes
autour du pays et ont une vie difficile – ce que je comprends est une
expérience typique et la déception sentie par la génération Y en Russie.
J’ai bien aimé les personnages développé – autour de ses trois cousin.es et
ses différents intérêts durant des années, leurs goûts de musique, etc. On a
même vu que la génération de leurs parents étaient très conservatrice, qu’on
voit pendant un argument entre Jénia et quelqu’un dans sa cinquantaine qui a
posé la question pourquoi Jénia n’était pas encore mariée. La façon de
narration de l’autrice était intéressant aussi, étant donné qu'il n'était pas
linéaire et qu'il faisait des allers-retours dans le temps entre ses trois
parties.
Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer que même si la politique est essentielle
dans le roman, elle n'a abordé aucune des questions controversées en Russie. Si
je ne me trompe pas, le nom de Poutine n’a pas été cité même une fois, il n’y
avait pas la discussion autour des droits de LGBTQ+, ou sur la question de l’Ukraine.
Bien sûr, elle a cité un incident en Ukraine, les manifestations d’Euromaidan
en 2014 et comment les parents d’Ilia et Daria ont été dégoûté par les actions
d’ukrainien.nes mais pas sur l’autres actes commis par la Russie, comme l’annexion
de la Crimée. Peut être le fait que l’autrice habite encore en Russie et le
roman est principalement pour un audience russe, sa décision est compréhensible.
Je n’ai pas compris trop de choix de la traductrice d’utiliser un titre si
effrayant, vu que le titre russe ne donne pas la même traduction – et selon le
site Deepl, ça se traduit comme « La saison des fruits empoisonnés » (Сезон
отравленных плодов); si c’est un métaphore que je ne comprends pas et vous
connaissez russe, vous pouvez vous exprimer dans la section des commentaires et
je vous remercie en avance.
En conclusion, j'ai beaucoup apprécié ce roman, qui est mon premier ouvrage
russe contemporain. Il offre un portrait intéressant de la société
post-soviétique. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Jénia, avec sa
personnalité forte et indépendante. Ce sera une bonne lecture pour ce qui aime
lire les romans contemporains d’ailleurs et j’attribue une note de huit sur
dix.
La note – 8/10
Bonne journée
Andy