mercredi 8 mai 2024

La Sterne rouge d’Antonythasan Jesuthasan – avis de lecture

 


Résumé :

« Ala n’est qu’une jeune fille lorsqu’elle rejoint les Tigres tamouls. A  quinze ans, amoureuse de son général, la voici prête à mourir au combat. Mais l’attentat-suicide qu’Ala s’apprête à commettre n’aura pas lieu et elle se fait arrêter. Condamnée à trois ans de prison dans les geôles sri-lankaises, elle tente e se maintenir vivante, forte d’une sensualité inextinguible et du désir de raconter son histoire. Miraculeusement libérée, elle n’a d’autre choix que l’exil et file pour l’Europe. Une autre vie commence. Mais la capitaine Ala, surnommée la sterne, est-elle vraiment celle qu’elle prétend être ?

Par une audacieuse mise en abyme, La Sterne rouge explore avec subtilité la question des origines, de l’engagement, de la violence et de la liberté. C’est aussi un magnifique hommage aux traditions et à la culture des Tamouls de l’est du Sri Lanka. »

La Sterne rouge est un roman écrit en tamoul par l’auteur d’origine tamoule-srilankaise, Antonythasan Jesuthasan. Elle parle d’une jeune fille Ala, qui est de l’est de l’île de Sri Lanka, qui est une région  historiquement entièrement tamoule mais avec la politique du gouvernement srilankais, dominé par le peuple majorité de l’île, les cinghalais.es, ça change peu à peu, avec l’aide des milices cinghalaises là-bas. Après une tragédie personnelle dans sa famille, Ala n’a plus le choix que rejoindre le groupe rébellion tamoul – le LTTE (Tigres de libération de l'Îlam tamoul – ou Libération Tigers for the Tamil Eelam (LTTE) en anglais) surnommé comme « Les Tigers ».

Il y a plusieurs sous-intrigues, comme l’histoire d’amour d’Ala avec son commandant Sultan Baba, la mission d’Ala tant qu’une militante kamikaze, et également ses expériences dans les geôles srilankaises et l’amitié qu’elle a eu sous ces conditions pénibles. Il y a aussi une partie du roman qui parle de son exil en Europe dans un pays nordique fictif créé par l’auteur avec également une langue fictive qui s’appelle urövan (qui a l’air comme finlandais ou estonien). 

J’ai beaucoup apprécié le livre, j’ai beaucoup réfléchi sur la question comment se passe la vie d’un.e kamikaze qui abandonne sa mission, vu qu’il.ellle est prêt.e à être mort.e et soudainement, il y a une deuxième vie et cet aspect d’Ala est très intéressant. Je dois préciser ici que j’ai d’origine tamoule indienne moi-même, et alors, je comprends la lutte de tamoul.e.s srilankais.es plus que quelqu’un.e qui ne sont pas très au courant de cette partie du monde (et c’est quelque chose importante dans un des paragraphe à venir).

L’histoire se déroule pendant la guerre civile srilankaise, qui s’est terminée en 2009. On voit comment pour Ala, sa famille et ses relations avec des gens sont très importantes, mais la situation ne le permet pas et tout le temps, elle perd quelq’un.e qui est important.e dans sa vie (jusqu’au fin). Elle est un personnage complexe et bien développé - qui est sympa mais qui est aussi prête à accepter n'importe quelle mission pour le bien de son peuple.  

Dans la partie du roman qui se déroule en Europe, personnellement, je n’aime jamais quand un.e aut.eur.ice introduit un pays / concept imaginaire dans un monde réel, particulièrement dans un roman qui sont beaucoup lié avec l’actualités de Sri Lanka dans les années 2000s. Cela dit, ce roman est une exception, vu que j’ai bien aimé la partie fictive, et je ne vais pas révéler pourquoi car ça va gâcher votre plaisir de lecture, mais, je vais préciser que l’auteur a bien utilisé ce fait dans le roman.

Je n’aime pas parler trop de moi sur les identités que je n’ai pas choisi dans mes avis, mais ici, c’est important à préciser – j’ai bien compris le roman parce que j’ai d’origine tamoule. Mais je ne comprends pas pourquoi la maison d’édition Zulma ou la traductrice Léticia Ibanez n’a pas donné de notes de bas de page pour expliquer le contexte. Je vais préciser deux exemples :

« L’information nous est parvenue le 26 décembre … » quelques lignes plus tard  « elle est venue me demander si « tsunami » était un mot cinghalais. A ses yeux, ce peuple était responsable de tous les maux de la terre. » - page 146 et 147

Pour moi ou une majorité de gens qui ont une connexion avec un des pays à l’océane indienne savent que le 26 décembre 2004 est la date de cette tragédie horrible – de tsunami, mais la traduction a manqué ce contexte, qui peut être difficile pour quelqu’un.e qui ne connaît pas cette région.

« … crient des slogans « Vive monsieur Mahinda ! » » - page 190

Encore une fois, pour moi c’est très évident que le roman parle d’ancien président srilankais, Mahinda Rajapaksa, un politique controversé soutenue par la majorité cinghalaise pour avoir mis fin à la guerre civile et largement condamné par les tamouls pour les tactiques brutales et les crimes de guerre qui ont été commis. Mais encore une fois, je ne sais pas si ça sera clair pour les autres.

J’ai plusieurs autres exemples mais je crois que la maison d’édition devrait ajouter un glossaire. Si vous avez lu, veuillez laisser un commentaire sur ce que vous avez ressenti en lisant ces références.

Pour conclure, ce n’est pas un roman facile à lire, il y a beaucoup de violence – contre les gens, y compris les femmes et des enfants, etc. qui nous perturbent beaucoup en le listant. Cela dit, ça peut être une belle découverte pour les lect.eur.ice.s qui sont intéressé.e.s de voyager autour de monde en bouquinant et apprendre de notre monde. J’attribue une note de neuf sur dix.

La note – 9/10

Bonne journée
Andy

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