jeudi 25 juillet 2024

L’alphabet du silence de Delphine Minoui – avis de lecture

 


Résumé :

« Götkay est professeur à l’université du Bosphore à Istanbul. Idéaliste, adoré de ses étudiants, il est tombé amoureux d’Ayla, avec qui il a une petite fille. Mais la répression féroce menée par le président Erdogan s’abat sur le couple. Un jour, en prison. Révoltée par cette injustice, Ayla décide de reprendre le flambeau. Jusqu’où ira-t-elle pour défendre ses idéaux ? Un roman de colère et d’amour, traversé par l’Histoire. »

L’alphabet du silence est le premier roman de Delphine Minoui, journaliste française qui a travaillé à Moyen-Orient  depuis longtemps. J’ai déjà lu les livres de cette autrice, des essais autour de guerres en Moyen-Orient, comme Les passeurs de livre de Daraya (cliquez ici pour lire mon avis de lecture) qui parle d’une bibliothèque sous-sol gérée par des jeunes hommes sous le bombardement d’Assad en Syrie. Alors, j’ai été intéressé à voir la transition en tant qu’une essayiste vers une romancière.

L’alphabet du silence commence en 2016 à Istanbul, quelques mois après le coup d’état échoué contre Président Erdogan. Götkay, un professeur à Istanbul, est arrêté par l’autorité, dans le cadre des mesures de répression prises par Erdogan contre ses dissidents à la suite du coup d'État. Son crime ? D’avoir signé une pétition en faveur de l’arrêt des opérations militaires contre les Kurdes dans le pays. Il a une jeune famille, sa femme Ayla qui est une prof de français elle-même à Université de Galatasaray à Istanbul, avec une fille de 5 ans, qui est une fille à papa. Ayla se retrouve toute seule, dans un environnement hostile pour les intellectuel.le.s, et bataille contre le système pour libérer son mari.

J’ai aimé l’évolution du personnage d’Ayla, qui devait s’occuper de sa fille (même en disant les mensonges que « papa va revenir bientôt »), et également commencé à s’engager avec d’autres militant.e.s kurdes, comme Azad, tout le temps en bataillant contre le régime d’Erdogan. a relation de la fille avec ses parents est bien décrite par l’autrice, même si on ne voit presque jamais Götkay tout au long de l’intrigue.

Elle a bien donné le contexte également, en expliquant la situation politique en Turquie après le coup d’état. Pour certain.e.s qui ne suivent pas la politique dans le pays, ça peut être utile, quand elle explique le Mouvement Gülen (mouvement dirigé par un religieux turc basé aux États-Unis) – le mouvement accusé par Erdogan pour le coup. Mais c’est également la faiblesse du livre – e comprends que, étant journaliste, elle est habituée à fournir toutes les informations et le contexte comme dans un article de journal, mais c'est parfois trop détaillé pour un roman. Parfois quand j’ai lu sur l’histoire des coups en Turquie et le rôle joué par les militaires, j'ai même oublié que je lisais un roman et j'ai eu l'impression de lire un article.

L’autrice a bien montré la société turque dans le livre – avec les intellectuel.le.s laïques, occidentalisé.e.s, et également la communauté marginalisée comme les kurdes. Peut-être le roman aurait pu être plus nuancé s'il y avait eu un personnage principal issu du milieu des « nationalistes conservateurs turcs » - ceux qui ont tendance à soutenir Erdogan.

Pour conclure, je vais dire que c’est un bon roman à lire, pour ceux qui sont intéressé.e.s par les évènements qui se passe dans cette partie du monde. Vue que j’adore la politique et les romans autour de la politique, j’ai bien aimé le livre. Le message donné par le livre est important – que le silence du peuple est le plus grand atout d'un.e dictat.eur.ice. J’attribuerai une note de huit sur dix.

La note – 8/10

Bonne journée
Andy

Le triomphe des imbéciles de Samir Kacimi - avis de lecture

 


Résumé :

“ Le président a fait un cauchemar. Tous les habitants sont alors convoqués pour que soient identifiés - et mis hors d'état de nuire - les premiers rôles de ce rêve perturbant. Dans l'envers de ce songe absurde, une étrange épidémie touche le pays : tous, des plus puissants aux plus démunis, perdent leur capacité à lire et à écrire. Qui faudra-t-il hisser au pouvoir pour gouverner cette nation d'analphabètes ?


Un jeu de massacre jubilatoire, peuplé de personnages truculents, véritables rois de la combine qui n'ont plus rien à perdre, dans ce monde où la bêtise fait loi. ”

Le triomphe des imbéciles est une satire politique écrite en arabe par l’auteur algérien, Samir Kacimi. Le roman commence avec une prémisse bizarre – avec une étrange épidémie sur laquelle la population a perdu sa capacité à lire est devenue analphabète. Le livre est divisé dans deux parties, où on a la première partie à la base d’un rêve de personnage principal, Djamel Hamidi. Dans le deuxième livre du roman, Djamel Hamidi devient le président du pays et l’auteur se concentre sur l’absurdité autour de son entourage et sa politique.

J’ai été attiré par la quatrième de couverture écrit par la maison d’édition – la satire politique est un des mes genres favoris. Ça m’a intéressé davantage car c’est en Algérie, un pays sur lequel je n’ai pas trop d’information (sauf l’histoire de la colonisation imposée par mon pays malheureusement) et lire un roman d’un auteur connu du pays sera une bonne façon de m’introduire à connaître l’histoire et la politique du pays.

Mais le problème est l’écriture employée par l’auteur, il a introduit trop de personnages dans la première cinquantaine des pages et je n’ai suivi personne sauf Djamel Hamidi. Je ne suis pas entièrement d’accord avec certain.e .s aut.eur.rice.s qui utilisent le rêve dans le roman qui n’est pas trop lié avec le monde réel du personnage principal. En fait, le rêve de Djamel Hamidi était presque 50% du livre.

D’abord, je pensais manqué le contexte pour apprécier le livre, mais j’ai changé d’avis après avoir réalisé que j’ai bien profité les romans de Gabriel Garcia Marquez même si je n’ai pas eu trop de connaissance de la politique en Colombie. Dans un bon roman, on peut bien profiter la lecture même sans savoir le contexte, et en fait, le roman devrait nous inciter à rechercher sur l’histoire et enrichir notre expérience et connaissance. Ce roman a complètement échoué à le faire.

Avec la situation actuelle en Algérie, je comprends que l’auteur ne peut pas trop faire la satire sans attirer l’attention du régime actuel là-bas. Je dois donc reconnaître qu'il a réussi à faire un commentaire politique sans attaquer directement une personnalité politique actuelle. Il n’a même pas directement cité le nom de la France, même si les symboles associés avec du pays sont satirisés comme La Marseillaise ou la langue française.

Pour conclure, j’ai eu une lecture pénible. Le roman pouvait être mieux si l’auteur a concentré que dans la satire à la place d’introduire trop de personnages avec ceux qui je n’ai pas pu associer mes sympathies. Même la politique n’a pas été trop important dans le livre, il s’agissait du pouvoir, mais pas forcément la politique parce que les discussions entre les personnages était une question de pouvoir et non de politique ou d'idéologie. Alors, je ne peux donner que une note de trois sur dix.

La note – 3/10

Bonne journée
Andy

lundi 22 juillet 2024

Arrête avec tes mensonges de Philippe Besson – avis de lecture



Résumé :  

« Quand j'étais enfant, ma mère ne cessait de me répéter : « Arrête avec tes mensonges. » J'inventais si bien les histoires, paraît-il, qu'elle ne savait plus démêler le vrai du faux. J'ai fini par en faire un métier, je suis devenu romancier. 

Aujourd'hui, voilà que j'obéis enfin à ma mère : je dis la vérité. Pour la première fois. Dans ce livre. 
Autant prévenir d'emblée : pas de règlement de comptes, pas de violence, pas de névrose familiale. 
Mais un amour, quand même. 
Un amour immense et tenu secret. 
Qui a fini par me rattraper. »

Arrête avec tes mensonges est un roman autobiographique de romancier Philippe Besson. Il s’agit de personnage principal de ce roman, Philippe, que j’imagine est l’auteur lui-même, et son histoire de sa jeunesse jusqu’à l’âge adulte. Il habite dans un village pas loin de Bordeaux, et parle de son premier amour avec Thomas, et également parle sur la difficulté qu’il a eu pour suivre une relation homosexuelle dans l’année 1980s.  

Après un moment, Thomas passe à autre chose, et le couple est séparé, Philippe est allé pour suivre son diplôme à Bordeaux et puis à Paris. Mais la séparation lui a impacter toujours, et mêmes dans les années 2000, quand il est devenu un romancier assez connu, et il introduit souvent « Thomas » comme un des personnages dans ses romans. Ce roman va jusqu'au milieu des années 2010 et traite de la façon dont Philippe finit par l'accepter, ce qui pourrait être qualifié d'histoire de passage à l'âge adulte. 

Même si c’était une histoire typique, avec les jeunes hommes qui rencontrent les difficultés d’accepter leur sexualité, j’ai trouvé que la narration a été facile à lire avec une histoire assez universelle. Le choix d’auteur d'utiliser sa propre histoire était un choix intéressant vu qu’il appartient aux lect.eur.ice.s d'interpréter dans quelle mesure l'intrigue est réel et dans quelle mesure elle est romancée. 

Ce n’est même pas la première fois que j’ai lu un roman de Philippe Besson, j’ai lu Un instant d’abandon il y a 5 ans (cliquez ici pour lire mon avis de lecture) et le sentiment que j’ai eu immédiatement après avoir lu le livre était le fait que c’est un roman mal recherché par l’auteur, ni le village en Cornouaille (Royaume-Uni) ni les personnages me semblait réels. Par hasard, le même roman a été cité par l’auteur dans ce roman, en disant qu’il a écrit Un instant d’abandon avec un intrigue qui se passe en Cornouille, une région britannique qu’il n’est jamais allé, et connaît personne de là-bas, et a écrit seulement pour faire face à sa séparation.  

La fin a été assez intéressante et différente, même si j’ai cru que c’était improbable. L’auteur a aussi bien montré la différence au niveau de classe sociale en France, Philippe qui vient d’une classe bourgeoisie, et Thomas de classe moyenne, vu que le premier et allé aux grandes écoles, et vécu dans un milieu qui accepte sa sexualité plus que le milieu de Thomas. J’ai trouvé cette différence entre les deux personnages principaux hyper intéressant.  

Pour conclure, c’est un bon roman pour une lecture vite (j’ai fini dans deux jours) et pour les gens qui aiment les autres romans d’auteur, celui-ci sera un bon choix pour savoir plus sur le choix qu’il a fait sur ses différentes intrigues pendant sa carrière. J’attribuerai une note de sept sur dix pour le roman.  

La note – 7/10 

Bonne journée 
Andy