Résumé :
« Götkay est professeur à l’université du
Bosphore à Istanbul. Idéaliste, adoré de ses étudiants, il est tombé amoureux
d’Ayla, avec qui il a une petite fille. Mais la répression féroce menée par le
président Erdogan s’abat sur le couple. Un jour, en prison. Révoltée par cette
injustice, Ayla décide de reprendre le flambeau. Jusqu’où ira-t-elle pour
défendre ses idéaux ? Un roman de colère et d’amour, traversé par
l’Histoire. »
L’alphabet du silence est le premier roman de Delphine Minoui,
journaliste française qui a travaillé à Moyen-Orient depuis longtemps. J’ai déjà lu les livres de
cette autrice, des essais autour de guerres en Moyen-Orient, comme Les passeurs
de livre de Daraya (cliquez ici pour lire mon avis de lecture) qui parle d’une
bibliothèque sous-sol gérée par des jeunes hommes sous le bombardement d’Assad
en Syrie. Alors, j’ai été intéressé à voir la transition en tant qu’une
essayiste vers une romancière.
L’alphabet du silence commence en 2016 à Istanbul, quelques mois après le
coup d’état échoué contre Président Erdogan. Götkay, un professeur à Istanbul, est
arrêté par l’autorité, dans le cadre des mesures de répression prises par
Erdogan contre ses dissidents à la suite du coup d'État. Son crime ? D’avoir
signé une pétition en faveur de l’arrêt des opérations militaires contre les
Kurdes dans le pays. Il a une jeune famille, sa femme Ayla qui est une prof de
français elle-même à Université de Galatasaray à Istanbul, avec une fille de 5
ans, qui est une fille à papa. Ayla se retrouve toute seule, dans un environnement
hostile pour les intellectuel.le.s, et bataille contre le système pour libérer son
mari.
J’ai aimé l’évolution du personnage d’Ayla, qui devait s’occuper de sa
fille (même en disant les mensonges que « papa va revenir bientôt »),
et également commencé à s’engager avec d’autres militant.e.s kurdes, comme
Azad, tout le temps en bataillant contre le régime d’Erdogan. a relation de la
fille avec ses parents est bien décrite par l’autrice, même si on ne voit
presque jamais Götkay tout au long de l’intrigue.
Elle a bien donné le contexte également, en expliquant la situation politique
en Turquie après le coup d’état. Pour certain.e.s qui ne suivent pas la
politique dans le pays, ça peut être utile, quand elle explique le Mouvement Gülen
(mouvement dirigé par un religieux turc basé aux États-Unis) – le mouvement
accusé par Erdogan pour le coup. Mais c’est également la faiblesse du livre – e
comprends que, étant journaliste, elle est habituée à fournir toutes les
informations et le contexte comme dans un article de journal, mais c'est
parfois trop détaillé pour un roman. Parfois quand j’ai lu sur l’histoire des
coups en Turquie et le rôle joué par les militaires, j'ai même oublié que je
lisais un roman et j'ai eu l'impression de lire un article.
L’autrice a bien montré la société turque dans le livre – avec les intellectuel.le.s
laïques, occidentalisé.e.s, et également la communauté marginalisée comme les
kurdes. Peut-être le roman aurait pu être plus nuancé s'il y avait eu un
personnage principal issu du milieu des « nationalistes conservateurs turcs » -
ceux qui ont tendance à soutenir Erdogan.
Pour conclure, je vais dire que c’est un bon roman à lire, pour ceux qui
sont intéressé.e.s par les évènements qui se passe dans cette partie du monde.
Vue que j’adore la politique et les romans autour de la politique, j’ai bien
aimé le livre. Le message donné par le livre est important – que le silence du
peuple est le plus grand atout d'un.e dictat.eur.ice. J’attribuerai une note de
huit sur dix.
La note – 8/10
Bonne journée
Andy