mardi 3 décembre 2024

Les détails d’Ia Genberg – avis de lecture

 


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A noter : J'ai lu la traduction anglaise du roman 

Résumé :

« Les détails est un roman court, fiévreux, hypnotique et tout en finesse. Une plume drôle et acérée, une construction magistrale. Au final, un grand roman d'apprentissage au cœur des années 90.

Il a obtenu le prix August, le prix Goncourt suédois, en 2022.

Une femme est clouée au lit, fiévreuse. Sans pouvoir expliquer pourquoi, elle a soudain l’envie de relire la Trilogie new-yorkaise de Paul Auster. De là, elle commence à se remémorer des moments de sa vie, notamment sa vingtaine dans les années 1990, à l’aube du tournant de l’an deux-mille. Les méandres de ses souvenirs forment une prose magnétique nourrie de nostalgie et de réflexions existentielles irrésistibles. Le tout agrémenté de références réjouissantes à la littérature. Son existence semble se résumer à quatre relations dont un amour indélébile, une amitié sauvage, une rencontre électrique et éphémère. Elle en tire des portraits inoubliables dont les sujets sont à la fois celle qui raconte et ceux qui sont racontés, une perspective, des détails que l’on remarque ou pas, une histoire de relations qui se font et se défont avant que l’ère numérique ne vienne bouleverser les rapports humains. »

Les détails est un roman écrit sous la forme des mémoires de la narratrice, par l'écrivain Ia Genberg. Le roman est écrit en suédois et je me suis appuyée sur la traduction anglaise de Kira Josefsson. Le roman est divisé en quatre chapitres, chacun portant le nom d'une personne qui l'a marqué dans sa vie : Johanna, une écrivaine dont la narratrice se souvient après avoir retrouvé une lettre d'amour écrite dans le passé ; Niki, une femme séparée de ses parents, avec laquelle la narratrice partage un appartement ; Alejandro, une personne originaire d'Amérique du Sud avec laquelle la narratrice entretient une relation sérieuse et, enfin, Birgitte, une femme qui a ses propres angoisses et qui fait de son mieux pour créer sa propre identité - qu'elle soit politique ou personnelle.

Ce roman pourrait être décrit comme le roman typique où « rien ne se passe », mais il est probablement racontable à chaque personne qui le lit. Nous avons tous eu dans notre vie des personnes qui ont été importantes pour nous de différentes manières et parfois, nous avons fait tout notre possible pour rester en contact et malgré tous nos efforts, nous ne sommes plus en contact, ce qui arrive à la narratrice. La raison pour laquelle je ne nomme pas la narratrice est que cette personne n'a jamais été nommée par l'écrivain et que toute la narration est de son point de vue (pendant longtemps, je n'étais pas sûr de son sexe biologique / identité de genre jusqu'à la dernière moitié du livre mais ce n’est pas ambigu non plus).

J'ai également aimé les détails, comme les rues de Stockholm, que je n'ai pas visitées souvent, mais que je pouvais encore très bien visualiser, les cafés et les gens qui se promenaient. Les parties du roman que j'ai préférées sont les histoires de Niki et de Birgitte, qui montrent la vulnérabilité de chacune des personnes impliquées et la mesure dans laquelle elles sont allées pour échapper ou faire face à ces défis.

Cependant, l'autrice m'a perdue dans le chapitre sur Alejandro, et il y a eu des moments où je me suis déconcentré et où je n'ai pas pu prêter attention aux détails jusqu'à la fin du chapitre, mais après cela, c'était un retour en force avec l'histoire de Birgitte. J'ai eu les mêmes sentiments concernant le premier chapitre sur Johanna, où il était lent et où je ne savais pas trop où le roman se dirigeait avant d'entrer dans le chapitre sur Niki.  

Pour résumer, je dirais qu'il s'agit d'un roman qui saisit très bien les émotions humaines et qui, fidèle à son titre, montre comment ces petits détails sont ce qui nous fait. J'ai également apprécié que l'auteur s'en tienne à un point de vue local plutôt que de chercher à plaire au grand public, et j'ai eu l'impression de voyager à nouveau en Suède en lisant ce roman. C'est une lecture facile, à la fin de laquelle j'étais heureuse d'avoir lu ce roman.

Sur ce, je donnerais à ce roman une note de sept sur dix, il aurait pu être là s'il y avait eu plus de profondeur dans les histoires d'Alejandro et de Johanna comme dans celle de Niki et de Birgitte.

La note – 7/10

Bonne journée
Andy

La végétarienne de Han Kang – avis de lecture

 

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Résumé :

“Une nuit, elle se réveille et va au réfrigérateur, qu’elle vide de toute la viande qu’il contient. Guidée par son rêve, Yonghye a désormais un but  : devenir végétale, se perdre dans l’existence lente et inaccessible des arbres et des plantes. Ce dépouillement qui devient le sens de sa vie, le pouvoir érotique, floral, de sa nudité vont faire voler en éclats les règles de la société, dans une lente descente vers la folie et l’absolu.”

La végétarienne est un roman écrit par l’autrice sud-coréenne Han Kang, qui a remporté le prix Nobel littérature en 2024. Dans ce roman, on a Yonghye, qui vit dans son mari et elle mène une vie banale, jusqu’à sa décision de devenir végétalienne à cause d’un rêve qu’elle a eu. Son mari l’a épousée précisément parce qu’il est un homme moyen et également, selon lui, Yonghye est aussi une femme traditionnelle avec qui il peut avoir une vie “moyenne” et cette décision a emporté trop de changement qu’il pouvait tolérer. Ce n’est pas que son mari qui n’aime pas sa décision - même ses parents ne l’a pas soutenu et dans un moment, son père essaie de la forcer à manger la viande. Elle arrête de manger et son niveau de santé baisse plus en plus et le roman suit sa vie – et depuis ce portrait, l’autrice nous montre le patriarcat dans la société sud-coréenne et la position des femmes dans la société.

J’ai bien aimé le début du roman, qui m’a donné beaucoup d’attente - dans un mariage où chaque jour est le même, soudainement Yonghye décide de ne plus manger la viande. On voit également comment son mari devient plus agressif envers elle, comme s'il avait le droit d'intervenir dans ses choix personnels. J'ai aimé le lien entre Yonghye et sa sœur, sa seule source de soutien dans ce choix. Le choix de changer la façon de narration dans chaque chapitre est un choix intéressant aussi, le premier chapitre du point de vue de mari de Yonghye et les chapitres suivants suivre une narration à la troisième personne.

J'ai dû beaucoup réfléchir pour écrire quelque chose de positif sur le roman dans la critique et c'est fait. Sinon, je n’ai pas aimé le roman, du tout. Déjà, j’ai trouvé qui le titre du roman est trompeur, ses problèmes familiaux n’étaient pas parce qu’elle est devenue végane, mais parce qu’elle a arrêté de manger, du tout. En tant que végane moi-même, j’ai beaucoup de questions bizarres dans ma vie quotidienne posées par les gens autour de moi – si je ne me sens pas faim, si j’ai suffisamment des nutriments, si je prends des vaccins, etc. Une majorité de fois, ces sont de questions posées par sa curiosité (parfois de mauvaise foi) - mais comme dans n’importe quel mouvement ou l’idée, il existe un extrême et ici, Yonghye était un exemple de cet extrême. Je trouve que la mauvaise perception autour des véganes est à cause des personnages dans le pop culture (comme les films, les séries, les romans, etc.) qui montre ce type de personnalité avec laquelle tou.s.tes les véganes sont jugé.es.

Je suis arrivé à sympathiser avec Yonghye et sa situation difficile, mais personnellement, je n'ai pas pu m'identifier à l'acte de décider d'arrêter complètement de manger à cause d'un rêve. La fin de roman n’a pas donné l’espoir non plus – je comprends que dans la vraie vie, toutes les situations n’ont pas une fin définitive, mais ici – je n’ai rien vu dans l’intrigue non plus. Sauf sa soeur Inghye, il n’y avait pas un développement de personnage, avec subtilité ou complexité - ils ont tous méchants - soit le mari de Yonghye ou le reste de sa famille.

Pour conclure, ça m’arrive souvent que pour un aut.eur.ice qui rempotre le prix Nobel, soit j’adore comme Gabriel Garcia Marquez ou Albert Camus ; soit je n’aime pas du tout, comme celui d’année dernière Jon Fosse et Han Kang va se retrouver sous la même catégorie. C’était impossible pour moi pour m’identifier avec les personnages, et même si je n’ai pas été végane, je n’aurai pas aimé le roman mais vu que je le suis, cet aspect personnel a ajouté davantage une raison pourquoi je n’ai pas apprécié ce roman. En considérant tous les remarques que j’ai fait dans cet avis de lecture, j’attribue une note de trois sur dix pour le roman.

La note – 3/10

Bonne journée
Andy