samedi 29 mai 2021

Bullshit Jobs : Un phénomène mondial par David Graeber – avis de lecture



Quatrième de couverture :

« Alors que le progrès technologique a toujours été vu comme l’horizon d’une libération du travail, notre société moderne repose en grande partie sur l’aliénation de la majorité des employés de bureau. Beaucoup sont amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles, sans réel intérêt et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société.

C’est de ce paradoxe qu’est né et s’est répandu, sous la plume de David Graeber, le concept de « bullshit jobs » – ou « jobs à la con », comme on les appelle en français. »

A noter : J’ai lu le livre en anglais, alors, je vais utiliser l’expression anglaise – « bullshit jobs »

Bullshit Jobs est un livre écrit par l’anthropologue David Graeber sur la base de témoignages il a reçu pour en essai il a écrit sur le phénomène de bullshit jobs. L’auteur estime qu’environ 40 à 50 % des jobs dans le monde sont inutile. Il construit un argumentaire pour défendre cette position dans ce livre.

L’écriture est normalement structurée dans la manière suivante : l’hypothèse de l’auteur (parfois étayée par des données ou des incidents célèbres), suivie d’un témoignage confirmant sa propre hypothèse de la part d'un de ses lecteurs, puis, tire une conclusion sur la base de ce témoignage. La manière dont l'auteur exprime certains termes est plutôt indiscrète, ce que certains pourraient même considérer comme péjoratif pour certains emplois - mais je suppose que c'était aussi l'intention de l'auteur, d'attirer l'attention sur le phénomène.

L'aspect positif de ce livre est qu'il m'a fait réfléchir - sur le phénomène des bullshit jobs. Une grande partie du travail effectué est peut-être inutile et nous n'avons pas nécessairement besoin d'une semaine de travail de 40 heures. L'auteur tente d'utiliser la prédiction de Keynes comme justification, ce dernier ayant prédit que dans les jours à venir, en raison des améliorations technologiques, nous pourrions avoir besoin de travailler seulement 15 heures par semaine. En ce sens, l'auteur tente d'attirer l'attention sur le défaut fondamental de la société où la valeur personnelle est liée au travail et à l'effort fourni, même si cet effort n'est pas nécessaire (et l'auteur décrit cela comme une forme de sadomasochisme). La nécessité de travailler de longues heures alors que cela n'est peut-être pas nécessaire est une discussion importante à avoir.

Cela dit, s'appuyer entièrement sur des témoignages pour étayer sa théorie est peu convaincant et, dans de nombreux cas, l'auteur semble éprouver une haine profonde à l'égard de certaines professions qu'il semble avoir voulu manifester dans ce livre (comme les avocats d'affaires - et pour son information, je connais de nombreux avocats d'affaires qui sont passionnés et croient sincèrement qu'ils créent une différence, contrairement à l'hypothèse de l'auteur à leur sujet). Dans de nombreux cas, les gens peuvent détester le travail qu'ils font, avoir le sentiment qu'il est superflu et il est également possible que ces emplois n'apportent aucune valeur ajoutée à la société - mais ces faits ne sont pas suffisants pour conclure que le travail est superflu. Dans son propre exemple, il y a eu un cas où un superviseur a estimé que son travail était inutile car son équipe était parfaitement capable de remplir ses fonctions sans être supervisée, mais dès que le processus échoue, c'est à ce moment-là qu'un superviseur doit le surveiller et le corriger (et tant qu'il n'y a pas d'échec, il est possible que le superviseur ne fasse pas de travail réel). Il en va de même pour ceux qui corrigent les bugs d'un logiciel et d'autres défauts dans d'autres professions, que l'auteur nomme péjorativement « duct-tapers » (je ne sais pas l’expression utilisée dans la traduction française).

Dans la plupart des cas, l'auteur a pris des exemples extrêmes et a tiré des conclusions trop fortes pour les faits sous-jacents qu'il a utilisés pour construire son argumentation (la plupart d'entre eux étaient basés sur un sondage YouGov spécifique). Bien que la prémisse soit intéressante, cela aurait pu rester un essai au lieu d'être un livre à part entière, j'ai été déçu par la première moitié du livre, mais la dernière moitié l'a sauvé pour moi.

Comme je l'ai dit précédemment, ce livre est intéressant dans la mesure où il pourrait servir de base à de nombreuses conversations que nous devrions avoir sur la façon dont l'environnement de travail et la société en général doivent être structurés à l'avenir. J'ai été mal à l'aise avec le type de langage utilisé par l'auteur, mais c'était peut-être attendu au vu du titre même du livre. Ce livre pourrait être lu comme un long essai et nous pourrions l'utiliser pour construire nos propres pensées sur le sujet et ignorer une grande partie des conclusions de l'auteur.

Pour conclure, je donnerais à ce livre une note de six sur dix.

La note – 6 / 10

Bonne journée,
Andy 

samedi 8 mai 2021

Frère d’âme par David Diop – avis de lecture


 

Quatrième de couverture :

« Moi, Alfa Ndiaye, dernier fils du vieil homme, j’ai vu les obus malicieux, les ennemis aux yeux bleus, le ventre ouvert de mon plus que frère, Mademba. Par la vérité de Dieu, j’ai entendu le capitaine Armand et son sifflet de mort, les cris des camarades. Ils disent que je mérite une médaille, que ma famille serait fière de moi. Moi, Alfa Ndiaye, dernier fils du vieil homme, je suis tirailleur sénégalais. »

Frère d’âme est un roman historique écrit par David Diop. L’histoire se déroule pendant la première guerre mondiale. Le personnage principal est Alfa Ndiaye, un tirailleur sénégalais dans l’armée de la France, qui a eu une expérience profondément troublante dans sur le champ de bataille.

L’histoire commence par la mort de Mademba Diop dans des circonstances horribles, la personne qui Alfa appelle comme son plus que frère. Mademba a demandé à Alfa de le tuer pour mettre fin à ses souffrances, ce qu’Alfa ne pouvait se résoudre à faire. Depuis cet incident, Alfa voulait se venger de l’ennemi « aux yeux bleus » et il a recréé la scène de la mort de Mademba plusieurs fois avec un soldat ennemi. Son propre camp et son capitaine dans la tranchée était inquiété par Alfa et voulait le retirer des fonctions de combat.

C’était une prémisse très intéressante et j’aimait le style de narration d’auteur. Plusieurs fois, Alfa racontait son passé au lecteur / à la lectrice, mais cette remémoration est à cause aux événements actuels et nous pourrions donc dire que la narration est toujours linéaire. D’abord, il nous raconte son avis sur la tranchée et les expectations sur les soldats noirs : de se comporter comme sauvages pour intimider l’ennemi car c’est la perception sur eux. Il a aussi montré une déconnexion entre les Français dans la trachée et les Africains et quelques instances de comédie noire (que leur mort vaut la peine à cause de la pension de famille).

La raison pour le bizarre comportement d’Alfa après la mort de Mademba serait identifiée comme un trouble de stress post-traumatique (TSPT) aujourd’hui. Il a été considéré comme un paria par les Français et les Africains dans son campe, ces derniers qui le considèrent comme un djëmm (diable en Wolof) – j’aimais les références Wolof, mêmes les croyances et les contes raconté par Alfa.

Ma partie favorite était la narration d’histoire de famille Ndiaye par Alfa – dans un petit village en Sénégal – on apprend les traditions du village, la situation politique et aussi les risque et leurs relations avec les voisins. On apprend aussi comment la relation entre Alfa et Mademba était développé – et le contraste de leurs personnalités où Mademba était l’intellectuel (qui parlait français) et Alfa était « l’homme forte ».

J’aimerais s’il y avait un peu plus des pages sur le livre – parce que j’étais très intéressé par la partie sur Sénégal et j'aurais aimé en avoir beaucoup plus. Alfa est un personnage avec qui on peut sympathiser mais nécessairement aimer est j’apprécie cette complexité.

A conclure, cette une excellente lecture et je donne une note de huit sur dix.

Rating – 8 / 10

Bonne journée,
Andy